L'Agence spatiale européenne recrute ses futurs astronautes

Pour la première fois depuis 11 ans, l’Agence spatiale européenne (ESA) va à nouveau recruter des astronautes. Les places sont rares : entre quatre et six candidats seulement seront retenus à l'issue d'un long processus de sélection du 31 mars 2021 à octobre 2022. Depuis son lieu d'entraînement, non communiqué par l'ESA, le Français Thomas Pesquet, qui a déjà effectué une mission à bord de la Station spatiale internationale (ISS) délivrera quelques conseils à ses futurs collègues, dans un message vidéo retransmis mardi lors d'une conférence de presse qui marquera le lancement officiel de la campagne.

Suivez en direct la conférence de presse virtuelle le mardi 16 février 2021 à 13h.

"Lancez-vous !!"

Lors de la précédente vague de recrutements en 2008, sur plus de 8.000 aspirants, moins de dix avaient franchi la ligne d'arrivée, parmi lesquels Thomas Pesquet, benjamin du corps européen des astronautes. "Des volontaires pour devenir nos nouveaux collègues ? Lancez-vous !!", a tweeté l'astronaute français de 43 ans, en pleins préparatifs pour sa deuxième mission à bord de la station spatiale internationale, "Alpha", prévue au printemps prochain.

Le retour de l'homme sur la lune  

La prochaine génération d'astronautes, qui côtoiera l'actuelle, a vocation à s'envoler vers l'ISS, mais aussi vers la Lune, avec notamment le programme américain Artémis qui vise, dans la prochaine décennie, un retour d'astronautes sur le sol lunaire et l'installation d'une base permanente. L'ESA a déjà obtenu trois sièges pour les Européens à bord de la future station orbitale lunaire Gateway, en tant que contributeur au programme.   

Une nouvelle génération d'astronaute

L'agence européenne veut "initier un véritable changement générationnel". Elle "encourage vivement les femmes à postuler" alors que seulement 16% de femmes s'étaient portées candidates lors de la précédente campagne.

Mais la diversité devra aussi "peut-être" s'élargir aux handicaps physiques. "Je lance le projet de faisabilité des parastronautes", annonce David Parker, directeur de l'exploration humaine et robotique à l'ESA, dans un communiqué. 

Comment se déroule le recrutement ?

Six épreuves attendent les candidats, âgés de préférence de 27 à 37 ans et issus des 22 pays membres de l'agence spatiale, créée en 1975.  Le contenu des épreuves sera détaillé mardi, mais on sait déjà que le niveau d'exigence pour travailler en orbite (scientifique, technique, physique, psychologique...) est élevé. 

Claudie Haigneré, la première femme française et européenne dans l'espace, a été bachelière à 15 ans. En cinquième année de fac de médecine à 20 ans, elle a accumulé tellement de diplômes qu’on la surnomme "bac+19" selon l'Etudiant. Sans compter les langues à connaître : Thomas Pesquet parle anglais, russe, espagnol, allemand et même un peu chinois. 

Les qualités psychologiques sont essentielles Il faut rester calme dans des situations stressantes. "Aujourd’hui, ce qui est demandé, c’est l’intelligence émotionnelle. C’est la capacité de vivre et travailler en équipage, d’accepter les autres, de s’épauler. On est sur des vols de longue durée, on passe du temps ensemble dans un petit espace", estime Philippe Perrin, ancien astronaute interrogé par 20 minutes.  Il faut savoir également être un bon communiquant et s'adresser au médias.

Des aspects plus politiques devraient aussi jouer sur la décision finale puisque les 22 États membres ne contribuent pas au budget de l'ESA à la même hauteur.

Le corps d'astronautes européen compte actuellement sept membres :  

• les Allemands Alexander Gerst et Matthias Maurer, 
• les Italiens Luca Parmitano et Samantha Cristoforetti, 
• le Français Thomas Pesquet, 
• le Britannique Timothy Peake, 
• et le Danois Andreas Mogensen. 

Une nouveauté de la future promotion : la création d'un "corps de réserve", en plus du corps principal d'astronautes.