Après avoir écouté les victimes d’inceste, s’être penché sur un seuil de non-consentement, évoqué une prescription glissante, quid de la réponse à apporter à l’amnésie traumatique, la période pendant laquelle une personne n’a pas conscience des violences sexuelles qu’elle a subies ? Pour alerter les pouvoirs publics sur l’importance de la prise en compte de ce mécanisme, plusieurs personnalités ont lancé dimanche #MeTooAmnesie sur Twitter. Depuis, les récits personnels se multiplient.

Un phénomène d’ampleur

La présidente de l’association MoiAussiAmnesie, Mié Kohiyama, à l’origine du mouvement aux côtés notamment de la psychiatre Muriel Salmona et de la patineuse Sarah Abitbol, explique au «  Huffington Post » qu’elle souhaite que l’amnésie traumatique soit introduite dans la loi et reconnue comme un « obstacle insurmontable » qui suspendrait des délais de prescription. « Entre 40 et 60% des victimes de violences sexuelles dans leur minorité subissent une amnésie traumatique », détaille-t-elle. Parfois, certaines retrouvent la mémoire des années plus tard. Malheureusement, en raison du délai de prescription, elles ne peuvent plus déposer plainte et poursuivre leur agresseur devant un tribunal.

Sous le hashtag MeTooAmnesie, de nombreuses victimes font part de cette conséquence et du sentiment de double-peine qu’elles ont ressenti. 

Depuis la loi Schiappa du 3 août 2018, les délais de prescription des crimes sexuels sur mineurs ont été allongés de vingt à trente ans, à partir de la majorité de la victime. Désormais, elles peuvent porter plainte jusqu’à 48 ans.

Pour plusieurs associations et victimes, cette législation doit encore évoluer. Dans certains tweets, certaines personnes demandent que la prescription soit abandonnée lorsqu’il s’agit de crimes sexuels commis sur des enfants, notamment en raison de l’amnésie traumatique. Une solution qui ne convainc pas Me Anne Bouillon, qui expliquait récemment à ELLE pourquoi elle n’était pas favorable à l’imprescriptibilité de ces crimes