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La French Tech progresse lentement sur le sujet de la mixité

Une start-up créée sur cinq en 2020 a été fondée par des femmes ou une équipe mixte, soit une progression de 4 points en un an, selon le baromètre annuel réalisé par Sista, CNNum et BCG. La mobilisation des fonds d'investissement sur le sujet devrait permettre de tendre vers un équilibre avant la prochaine décennie.

Les équipes fondatrices de start-up comportant au moins une femme comptent pour 21 % des jeunes pousses créées en 2020, selon une étude menée par Sista, CNNum et BCG.
Les équipes fondatrices de start-up comportant au moins une femme comptent pour 21 % des jeunes pousses créées en 2020, selon une étude menée par Sista, CNNum et BCG. (iStock)

Par Guillaume Bregeras

Publié le 3 mars 2021 à 07:15Mis à jour le 23 juin 2021 à 14:26

C'est une première qui pourrait changer la donne : la nouvelle licorne française , Vestiaire Collective, a été créée par deux cofondatrices, alors que les dix premières ne comptaient que des hommes. Fanny Moizant et Sophie Hersan soufflent un vent nouveau au sein d'une French Tech qui peine toujours à afficher un visage plus équilibré entre les femmes et les hommes créateurs de start-up. Le nouveau baromètre, qui mesure la mixité au sein de l'écosystème tricolore et réalisé par Sista, CNNum et BCG laisse une nouvelle fois transparaître une forte disparité. 21 % des jeunes pousses françaises qui ont vu le jour en 2020 peuvent se prévaloir d'une équipe fondatrice totalement féminisée ou mixte, soit 4 points de mieux qu'en 2019.

« L'inertie est forte sur le sujet, et il n'y a pas de formule magique, analyse Cédric O, secrétaire d'Etat en charge du Numérique. En revanche, la trajectoire de Vestiaire Collective est symbolique, et plus personne aujourd'hui ne peut ignorer ce déséquilibre. Dans l'accompagnement que nous réservons aux membres du Next 40 et du French Tech 120, nous avons exigé des actions en ce sens et nous maintiendrons la pression. » Le signal envoyé par l'Etat nourricier ne laisse planer aucun doute, la mixité au sein des start-up va évoluer, même si cela prend du temps.

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Malgré la lenteur du mouvement, de petites évolutions encouragent celles et ceux qui oeuvrent pour le changement. L'écart moyen entre les fonds levés par les start-up fondées par des femmes avec celles créées par des hommes tend en effet à se réduire. Le ratio passe ainsi de 2,5 durant la période 2018-2019 à 2,3 fois le montant réuni par les hommes en 2020. « Ce résultat est très encourageant, souligne Jessica Apotheker, en charge de l'étude pour le BCG. Sur la phase d'amorçage, nous atteignons quasiment la parité, et pour les plus grosses opérations, l'exemple de Vestiaire Collective est également prometteur. »

Les volumes aux mains des hommes

Dans un écosystème où les tours de table sont de plus en plus élevés, la raréfaction des équipes fondatrices mixtes ou 100 % féminines accentue en revanche le déséquilibre. Sur les 5,4 milliards d'euros levés en 2020 par la French Tech, 91 % l'ont été par des fondateurs masculins, contre 90 % en 2019. « La situation reste dégradée, car nous subissons un effet de stock », confirme Jessica Apotheker. Les start-up qui ont levé plus de 50 millions d'euros et sont donc les prochaines candidates au statut de licorne sont encore très largement créées par des hommes (89 % pour la tranche 50-100 millions et 100 % au-delà de 100).

Pour changer les choses, plusieurs acteurs ont également joué sur la popularité grandissante du sujet pour embarquer les investisseurs dans une démarche proactive. Sista, le think tank Tech dédié à la diversité, a rédigé l'an passé une charte à destination des fonds d'investissement pour enclencher une mécanique vertueuse. Et les premiers retours sont encourageants. Parmi les 56 VC et Corporate VC signataires , ils sont désormais 78 % à mesurer la part du genre dans le flux des dossiers qu'ils reçoivent, contre seulement 28 % en 2019. La part des équipes mixtes dans leur portfolio a augmenté de 4 points pour atteindre désormais 21 %, tandis que 76 % des VC engagés ont mis en place des pratiques plus larges pour adresser cette question.

Aller plus loin ?

La question d'aller plus loin et de passer de l'incitation à l'obligation se pose, mais se heurte à la définition d'une start-up qui ne jouit pas d'un statut ad hoc. Faut-il contraindre les conseils d'administration à se féminiser, comme ç'a été le cas pour les entreprises du CAC40 à travers la loi Coppé-Zimmermann votée il y a dix ans ? « Je crois davantage à la création d'un environnement méritocratique pour favoriser l'essor de femmes dirigeantes plutôt qu'aux quotas, avance l'associée du BCG. La loi a permis de monter à 40 % le nombre de femmes au sein des conseils, mais cela n'a pas eu d'effet sur les comex », ajoute Jessica Apotheker. Une dynamique qui témoigne de toute la difficulté à faire avancer la mixité au sein de l'économie de manière plus générale, et des nombreux freins encore persistant malgré les bonnes volontés.

Guillaume Bregeras

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