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Covid-19 : la perturbation de l’accès à la planification familiale a provoqué 1,4 million de grossesses non désirées (UNFPA)

Quelques 12 millions de femmes dans le monde ont subi des perturbations dans les services de planification familiale en raison de la pandémie de COVID-19.
© UNFPA/Ollivier Girard
Quelques 12 millions de femmes dans le monde ont subi des perturbations dans les services de planification familiale en raison de la pandémie de COVID-19.

Covid-19 : la perturbation de l’accès à la planification familiale a provoqué 1,4 million de grossesses non désirées (UNFPA)

Santé

Quelque 12 millions de femmes ont connu des perturbations de leurs services de planification familiale à cause de la pandémie de Covid-19, selon de nouveaux chiffres du Fonds de Nations Unies pour la population (UNFPA) et Avenir Health, dévoilés le 11 mars, un an après que la propagation du Covid-19 a été déclarée pandémie.

Selon l’UNFPA, ces perturbations ont provoqué environ 1,4 million de grossesses non désirées et ces chiffres révèlent à quel point la santé reproductive et les choix des femmes ont été affectés par la pandémie.

Les données de l'UNFPA et de ses partenaires font état de perturbations des services de contraception dans 115 pays à faible et moyen revenu sur l’année précédente.

Selon elles, l’accès à la planification familiale a été très perturbé par des facteurs tels que les restrictions de déplacement, les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, les ruptures de stock et la surcharge des structures de santé. 

Pour de très nombreuses femmes, les conséquences ont constitué un bouleversement.

« J’étais inquiète en permanence »

Maya Bohara dit que son nouveau-né est aimé, mais que sa famille aura du mal à subvenir aux besoins de ses cinq enfants.
© UNFPA Népal / Ganesh Shahi

Maya Bohara est âgée de 32 ans et vit dans la municipalité de Dasharathchand dans l’ouest du Népal. Elle s’est mariée à l’âge de 17 ans et avait déjà quatre enfants à 24 ans. Ayant décidé, avec son mari, un travailleur journalier, de ne pas avoir d'autres enfants, Maya prenait une contraception injectable depuis neuf ans.

Toutefois, lorsqu’elle s’est rendue dans le centre de santé le plus proche de chez elle pour son injection en juin dernier, ils étaient en rupture.

« Ils n’avaient plus de stock sur le contraceptif que je prenais à ce moment-là… j’étais en permanence inquiète de faire face à une autre grossesse alors que je ne la souhaitais pas », explique-t-elle à l’UNFPA.

Peu après cette injection manquante, elle est effectivement tombée enceinte. Son bébé est né le 25 février dernier.

Pour sa part, Hira Lawad, âgée de 30 ans et mère de deux enfants, s’était rendue au même centre en juillet dernier pour son injection contraceptive. 

« On m’a dit qu’il y avait une rupture de stock », raconte-t-elle à l’UNFPA. « Bien que mon mari et moi ayons décidé de ne pas avoir d’autre enfant, je suis tombée enceinte une troisième fois ».

Ces grossesses non désirées ont mis à l’épreuve ces deux familles, qui étaient déjà en difficulté à cause des conséquences financières de la pandémie, souligne l'agence onusienne.

Bien que Maya nous précise tout de suite que son dernier né est aimé, elle reconnaît que la situation est plus précaire qu’auparavant.

« Avec notre maigre revenu, élever notre cinquième enfant sera une rude bataille pour moi et mon mari », déplore-t-elle.

Les conséquences de l’augmentation du nombre de grossesses non désirées ne sont pas seulement économiques : on observe notamment une morbidité et une mortalité maternelles plus forte, ainsi qu’un plus grand nombre d’avortements non médicalisés. 

Le pire scénario a été évité

Hira Lawad est tombée enceinte lorsque son centre de santé local a manqué d'injections contraceptives.
© UNFPA Népal / Ganesh Shahi

Malgré tout, la situation aurait pourtant pu être bien pire.

Les analyses de l’UNFPA montrent que les perturbations des services de planification familiale ont été largement concentrés sur les mois d’avril et mai derniers, avec une durée moyenne de 3,6 mois de perturbation.

Les projections publiées en avril 2020 indiquaient que six mois de perturbations pourraient affecter 47 millions de femmes dans les pays à faible et moyen revenu, provoquant 7 millions de grossesses non désirées.

La réactivité et l’ingéniosité ont permis à de nombreux systèmes de santé de maintenir ou de restaurer l’accès aux services de santé, y compris à la contraception.

A l'instar de l’UNFPA, qui a fourni et livré des contraceptifs et autres produits de santé procréative, ainsi que des équipements de protection individuelle aux soignant·e·s, malgré les coûts de plus en plus élevés et les contraintes pesant sur les chaînes d’approvisionnement.

La créativité de certaines actions - telles que l’utilisation d’une application pour la livraison de contraceptifs, l’assistance par SMS et la redirection du conseil en planification familiale vers les centres de quarantaine- a également permis d’assurer ou de rouvrir certains services. 

Beaucoup de femmes continuent pourtant à rencontrer des difficultés dans leur accès à la planification familiale et à d’autres services essentiels de santé procréative, signale l’UNFPA.  

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 2,5 millions de personnes dans le monde sont mortes de la Covid-19, mais l’on ne connaît pas encore le coût total de cette pandémie. Au moment de calculer ce coût, il faudra prendre en compte les conséquences terribles qui ont été supportées par les femmes et les filles, celles dont l’avenir a été réécrit, dont les corps ont été meurtris ou dont la vie a été perdue, à cause des perturbations dans l’accès à la contraception et aux soins de santé.