L’intelligence artificielle va-t-elle briser la loi du silence qui entoure la question des mutilations génitales féminines ? En Inde, deux membres de la communauté bohra, un mouvement chiite ismaélien d’un million de croyants très présent au Gujarat et dans la ville de Bombay, sont en train de tester en grandeur réelle une application permettant d’ouvrir “un espace sécurisé de conversation” pour toutes celles et ceux qui souhaitent débattre de ce sujet hautement tabou chez les musulmans, nous apprend le quotidien Mint.

“L’idée est de créer un espace numérique infaillible où les utilisateurs pourraient utiliser leurs propres appareils, téléphone, tablette ou ordinateur, pour interagir avec un interlocuteur fonctionnant avec la technologie de l’intelligence artificielle.”

Un projet inclusif

Baptisée Mumkin, l’application a été lancée à titre expérimental en octobre 2020. Elle s’efforce d’être “inclusive”, en laissant la place à “des réponses subjectives et à des voix variées”, précisent ses créateurs, qui tiennent à “laisser de la place à toutes sortes d’opinions, sans faire de compromis sur [leur] propre opinion sur le sujet”. Ainsi, si pour certains les mutilations génitales féminines sont “une expérience traumatisante qui déclenche des cauchemars longtemps après”, d’autres la considèrent comme “une simple circoncision, une simple exigence rituelle”.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’“au moins 200 millions de filles et de femmes actuellement en vie ont subi une forme ou une autre de mutilation génitale”, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. “Les mutilations sexuelles féminines sont une violation des droits des jeunes filles et des femmes”, rappelle l’OMS, qui condamne ces pratiques. L’excision féminine consiste en “l’ablation partielle ou totale du capuchon clitoridien, voire du clitoris dans sa totalité”, une mutilation motivée par le désir de “contrôler la sexualité et le plaisir” chez les femmes.

Une utilisatrice de Mumkin l’affirme : “Le silence et le tabou qui pèsent de manière omniprésente sur la parole autour de l’excision se traduisent souvent par un traumatisme durable chez les femmes qui l’ont subi.”