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Notre enquête sur ces prothèses vaginales qui font scandale

Vingt-quatre. C’est le nombre de témoignages bouleversants de femmes des Hauts-de-France que nous avons reçus après la parution le 22 janvier dans La Voix du Nord d’un premier reportage consacré aux prothèses vaginales et bandelettes sous-urétrales. Voici leurs histoires.

Temps de lecture: 3 min

Le 22 janvier, La Voix du Nord publiait une enquête sur les prothèses vaginales et bandelettes sous-urétrales, ces dispositifs médicaux censés lutter contre la descente d’organes (prolapsus) et l’incontinence urinaire d’effort. Faits du même matériau, le polypropylène, ils sont aujourd’hui soupçonnés d’avoir handicapé des milliers de femmes à travers le monde. Douze ans après les premiers procès aux États-Unis, une première plainte collective était déposée en France en novembre 2020 pour « tromperie », « tromperie aggravée » et « blessures involontaires ».

Suite à cet article, plus d’une vingtaine de témoignages de Nordistes nous sont parvenus. Devenues membres du « groupe de bandelettes périnéales » sur Facebook, créé en soutien par des victimes pour d’autres victimes, elles font état d’une vie brisée suite à la pose d’une prothèse ou d’une bandelette. Au-delà de la souffrance, devenue un calvaire au quotidien, certaines ont perdu un travail, se sont séparées de leur mari. D’autres ont été reconnues handicapées, ne pouvant plus marcher ni rester assises plus de quelques minutes. Toutes assurent n’avoir jamais été informées d’éventuelles complications liées à ces dispositifs médicaux – dont certains ont été posés à leur insu – ni du fait qu’il était ensuite extrêmement difficile, voire impossible, de les retirer. Aucune ne bénéficie aujourd’hui d’une prise en charge adaptée à ses complications.

Des origines du scandale à aujourd’hui

Pour comprendre comment ces implants, pourtant censés soigner, ont pu détruire tant de vies, nous avons rencontré des chirurgiens. Des urologues, des gynécologues. Dans la région, aucun de ceux que nous avons contactés n’a donné suite à nos sollicitations. Nous avons également contacté la HAS (Haute autorité de santé) qui, en lien avec le Ministère de la Santé, l’ANSM (Agence nationale de la santé et du médicament) et les victimes, tente aujourd’hui de faire avancer les choses. Sur les dispositifs, d’abord. Si de nombreuses femmes en sont encore porteuses, un certain nombre d’entre eux ont depuis été retirés du marché, comme la Prolift du laboratoire Johnson&Johnson, à l’origine de plusieurs procès dans le monde. Pour les autres, des études cliniques plus poussées sont désormais exigées des fabricants.

Sur la méthode, se pose aujourd’hui la question de la prise en charge des victimes de complications, qui représenteraient un peu moins de 5 % des patientes. L’urgence est réelle : pour mettre fin à l’errance médicale qu’elles subissent depuis des années, certaines sont aujourd’hui prêtes à s’endetter pour aller se faire opérer aux États-Unis. Avec l’espoir, même infime, de retrouver un jour une partie de leur vie d’avant.

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