Publicité

La militante saoudienne Loujain al-Hathloul récompensée par le prix Vaclav-Havel

Le Conseil de l'Europe a choisi de décerner le prix des droits de l'Homme Vaclav-Havel 2020 à la jeune femme de 31 ans engagée pour les droits des femmes en Arabie saoudite. Libérée en février après 1.001 jours d'emprisonnement, elle est toujours en liberté conditionnelle.

« Loujain s'est sacrifiée pour que les femmes en Arabie saoudite aient une meilleure vie », affirme sa soeur Lina al-Hathloul qui recevait le prix Valclav-Havel en son nom.
« Loujain s'est sacrifiée pour que les femmes en Arabie saoudite aient une meilleure vie », affirme sa soeur Lina al-Hathloul qui recevait le prix Valclav-Havel en son nom. (Lina al-Hathloul's Twitter account/AFP)

Par Sophie Amsili

Publié le 19 avr. 2021 à 19:45

C'est un coup de projecteur sur le combat des femmes saoudiennes. Le Conseil de l'Europe a choisi de décerner le prix des droits de l'Homme Vaclav-Havel 2020 à la militante féministe saoudienne Loujain al-Hathloul, sortie de prison il y a deux mois.

La militante de 31 ans est présentée par le Conseil de l'Europe comme « l'une des cheffes de file du mouvement féministe saoudien ». « Elle a milité pour mettre fin au système de tutelle masculine, ainsi qu'à l'interdiction faite aux femmes de conduire, et pour une meilleure protection des femmes victimes d'abus dans le Royaume », souligne l'organisation paneuropéenne.

Loujain al-Hathloul s'est en effet fait connaître pour son combat contre le système de tutelle masculine dans son pays et la violence domestique. En décembre 2014, elle avait tenté d'entrer sur le territoire saoudien depuis les Emirats arabes unis voisins au volant de sa voiture, bravant ainsi l'interdiction de conduire faite aux femmes dans son pays. Son action, médiatisée via les réseaux sociaux, avait tourné court : arrêtée à la frontière, la militante avait ensuite été emprisonnée pendant plusieurs semaines.

Master de sociologie à la Sorbonne Abu Dhabi

Publicité

En 2018, Loujain al-Hathloul avait de nouveau été emprisonnée avec d'autres militantes féministes, peu avant que le royaume saoudien autorise finalement les femmes à prendre le volant . Entre-temps, la jeune femme francophone - elle a passé quelques années de son enfance à Toulon où son père militaire était affecté - s'était inscrite dans un master de sociologie à la Sorbonne Abu Dhabi, resté inachevé.

En décembre dernier, la militante a finalement été condamnée à 1.001 jours de prison en vertu d'une loi « antiterroriste ». La période passée en détention provisoire ayant été prise en compte, sa peine la rendait libérable dès février 2020 . Mais Loujain al-Hathloul, désormais en liberté conditionnelle pour trois ans, n'est toujours pas libre. Elle est « toujours soumise à une assignation à résidence et à d'autres restrictions dans son pays », indique le Conseil de l'Europe.

Recevant ce lundi le prix au nom de la militante, sa soeur Lina al-Hathloul soulignait que le soutien international était « la seule manière pour nous d'exposer les injustices dans mon pays et de protéger les victimes ». « Je dois dire que Loujain n'aurait jamais été libérée s'il n'y avait pas eu de pression internationale […] », avait-elle également affirmé dans un précédent entretien avec l'institution européenne.

Encore déterminée à « se battre »

« Loujain s'est sacrifiée pour que les femmes en Arabie saoudite aient une meilleure vie. A cause de son militantisme, elle a été kidnappée, emprisonnée illégalement, brutalement torturée, placée à l'isolement pendant des mois, et maintenant elle est condamnée comme une terroriste », a encore rappelé sa soeur. Affaiblie après deux grèves de la faim en prison, Loujain al-Hathloul veut néanmoins toujours « se battre pour la justice », assure sa soeur.

Créé en 2013 et doté de 60.000 euros, le prix Vaclav-Havel est en principe décerné à Strasbourg à l'automne, mais l'édition 2020 a été décalée en raison de la crise sanitaire. Le Conseil de l'Europe avait choisi cette année trois nominées impliquées dans la lutte pour les droits des femmes : en plus de Louhain al-Hathloul, les Soeurs de l'Ordre Drukpa, de jeunes nonnes bouddhistes dans l'Himalaya, et la militante congolaise des droits de l'homme Julienne Lusenge.

L'an dernier, le prix avait été décerné conjointement à l'intellectuel ouïghour Ilham Tohti et à la Youth Initiative for Human Rights (YIHR), qui rassemble des jeunes des Balkans. Les candidatures sont actuellement soumises pour l'édition 2021 dont le lauréat devrait être connu en septembre prochain.

Sophie Amsili

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité