justiceÀ Reims, un homme en détention provisoire après le meurtre LGBTphobe d'une femme trans

Par Nicolas Scheffer le 19/04/2021
Voiture de police

MISE À JOUR. Un homme a été arrêté et placé en détention provisoire après le meurtre d'une femme trans de 50 ans à Reims. Le procureur a retenu le caractère LGBTphobe du crime.

Le 7 avril dernier, une femme trans de 50 ans a été retrouvée morte dans son appartement de Reims qui a été partiellement incendié. L'auteur présumé du crime a été écroué. Il est poursuivi pour meurtre et viol aggravés en raison de l'orientation sexuelle de la victime. Le procureur soupçonne le prévenu d'avoir violé la victime avant de l'égorger et de mettre le feu à son appartement.

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Le procureur de la République a précisé, lors d'une conférence de presse que le prévenu a été interpellé à Evry (Essonne) le 15 avril. L'agresseur présumé, un ressortissant congolais né en 1994, a obtenu le statut de réfugié. Son casier judiciaire est vide, mais il est déjà connu défavorablement par la justice. En effet, l'homme de 27 ans avait déjà été mis en examen à Evry en 2019 pour une tentative d'homicide "sur une escort girl qui était un (sic) transsexuel (sic)", a rappelé le procureur. Dans cette affaire, qui date de 2017, le réfugié a été placé sous contrôle judiciaire et l'information judiciaire est toujours en cours.

14 plaies au cou et cervicales

"On a affaire à quelqu'un qui en veut aux travestis et aux transsexuels (sic). D'où la question de l'homosexualité latente (sic) de l'accusé qui se transforme en agressivité", a déclaré le procureur lors de la conférence de presse du 15 avril. Des déclarations qui illustrent la grande méconnaissance des questions trans par les membres de l'institution judiciaire. Le parquet a par ailleurs indiqué que la victime est intérimaire et qu'elle était célibataire. Le parquet présente la victime comme "se travestissant uniquement chez lui (sic), recevant épisodiquement des hommes sans connotation de prostitution (sic)".

MISE À JOUR 11:13 19/04/2021: Tout au long de la conférence de presse, le parquet a genré la victime au masculin. Jointe par TÊTU, l'association Exaequo indique pour sa part que la victime était une personne trans dont la famille connaissait l'identité de genre. Aussi elle sera inhumée dans le respect de cette identité.

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Elle a été retrouvée égorgée chez elle avec 14 plaies au cou et aux cervicales. Les enquêteurs ont retrouvé des vêtements de femmes découpés. "L'accusé reconnaît l'intégralité des faits", a annoncé Matthieu Bourrette précisant qu'il avait frappé la victime avec des ciseaux après l'avoir violée, avant de mettre le feu pour effacer les indices.

L'agresseur cherchait à "masculiniser" la victime, selon le procureur

La qualification de "meurtre aggravé en raison de l'orientation ou de l'identité sexuelle de la victime" a été retenue, "dans la mesure où il est établi que les vêtements de femme qu'elle portait ont été en partie découpés, et que le mis en cause reconnaît avoir découpé les cheveux de la victime". Le procureur pense que ces deux éléments montrent que l'agresseur cherchait à "masculiniser (sic)" la victime.

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L'accusé a également été mis en examen pour vol et escroquerie. Il est accusé d'avoir utilisé la carte bancaire de la victime pour se faire livrer des repas et louer une chambre. Le prévenu a indiqué être entré en contact avec la victime lors d'une escroquerie au faux chèque. L'agresseur serait entré chez la victime pour récupérer 500 euros, mais le procureur a assuré n'avoir retrouvé aucune trace de chèque. L'agresseur présumé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

"Sidération"

L'association LGBTQI+ de Reims, Exaequo a fait part de sa "sidération". "Les mots ne suffisent pas pour exprimer notre COLÈRE et notre INDIGNATION face à ce crime LGBTphobe. (...) Cet événement tragique nous rappelle, encore une fois, que nos luttes ne font pas partie de l'histoire mais sont bien actuelles. Nos droits et notre reconnaissance ont progressé pour autant les victimes aussi (en progression constante depuis 2016). Nos pensées et soutien vont à la famille et aux proches de la victime."

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L'association STOP homophobie a annoncé se constituer partie civile. L'inter-LGBT a écrit sur les réseaux sociaux : "face à cet acte odieux justice doit être faite !". Sous réserve d'autorisation préfectorale, un rassemblement est prévu à Reims, le samedi 24 avril à 10 heures pour commémorer les victimes de LGBTphobies.

Crédit photo : Wikimedia Commons