Une élue accuse Eric Zemmour de l’avoir agressée sexuellement lors d’une université d’été du PS

Éric Zemmour à Paris le 22 avril 2021.

Éric Zemmour à Paris le 22 avril 2021. JOEL SAGET / AFP

Sollicité par le journal « Libération », le polémiste n’a pour le moment pas réagi à ces accusations.

Samedi 25 avril sur Facebook, l’élue PS d’Aix-en-Provence Gaëlle Lenfant a accusé, dans un long message, le journaliste Éric Zemmour de l’avoir agressée sexuellement il y a une quinzaine d’années. Il l’aurait embrassée de force lors de l’université d’été du Parti Socialiste à La Rochelle, au lendemain d’un dîner où auraient aussi pris part Claude Bartolone et Jean-Luc Mélenchon.

Le journal « Libération » a tenté de remonter le fil de cette histoire.

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« Tout ce que j’ai écrit, je l’ai vécu »

Le récit commence par le hashtag #balancetonporc. Gaëlle Lenfant l’a publié en réaction à une affiche géante à l’effigie d’Éric Zemmour, accrochée à un échafaudage par un collectif d’extrême-droite. Depuis la publication de ce post dimanche, cette banderole de soutien au polémiste a été retirée, selon France Bleu. Une image qui lui a rappelé un instant de sa vie « dégoûtant ».

« C’était je crois en 2004, écrit-elle. J’étais alors jeune militante du PS et je participais à notre université d’été annuelle, à la Rochelle. La veille, nous avions dîné à cinq dans un petit resto, près du port. Il y avait là Mélenchon, Bartolone, un militant PS des BDR [Bouches-du-Rhône, NDLR], moi, et… ce journaliste du Figaro dont je n’avais jamais entendu parler, Eric Zemmour. »

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« Le lendemain matin, je participe à un atelier animé par Mélenchon. Je m’assois, et environ une demi-heure plus tard, Zemmour arrive. S’assoit sur la chaise devant moi. Me reconnaît, me dit bonjour et me demande ce qu’il a raté. Je lui résume l’intervention. L’atelier se termine, je me lève, il se lève aussi. M’attrape par le cou. Me dit Cette robe te va très bien tu sais ? Et m’embrasse. De force. Je me suis trouvée tellement sidérée que je n’ai rien pu faire d’autre que le repousser et m’enfuir en courant. Trembler. Pleurer. Me demander ce que j’avais bien pu faire. »

Les faits décrits correspondent à la définition légale d’une agression sexuelle, dont le délai de prescription s’établit à six ans à partir de la date des faits, lorsqu’ils sont perpétrés sur une personne majeure, rappelle « Libération ». Contactée par le journal lundi 26 avril, Gaëlle Lenfant n’a pas souhaité commenter davantage, se disant « très remuée » par la publication de son témoignage. Et de préciser :

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« Tout ce que j’ai écrit, je l’ai vécu. J’ai juste une interrogation au niveau de la date. Le reste est si clair dans ma tête. Les images, le son, tout. »

« Je ne vois vraiment pas pourquoi elle inventerait »

Gaëlle Lenfant, comme les différentes personnes sur place que « Libération » a retrouvées, peine à se souvenir précisément de l’année durant laquelle les faits se seraient produits, même si elle pense que c’était en 2004 ou 2005.

« Libération » a retrouvé des articles de cette période qui attestent de la présence d’Éric Zemmour aux universités d’été du PS. En 2004, il signait ses premiers papiers en tant qu’envoyé spécial pour « le Figaro ». En 2005, dans l’un de ses articles, il a mentionné plusieurs tables rondes, dont celle de Jean-Luc Mélenchon.

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Interrogé par « Libé », ce dernier dit ne pas se souvenir précisément de ce dîner, mais admet que compte tenu du contexte politique de l’époque, il est « très possible que ce repas ait eu lieu ». Il assure que Gaëlle Lenfant ne lui a jamais parlé de l’agression, mais ajoute qu’à l’époque, « la parole était bien moins entendue qu’à présent ».

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« C’est une femme très sérieuse et très posée et je ne vois vraiment pas pourquoi elle inventerait une histoire aussi traumatisante. »

Claude Bartolone, également cité par la conseillère municipale, n’a pas répondu aux sollicitations du quotidien.

Une agression dont elle avait déjà parlé à des proches

Selon des témoins qui se sont confiés à « Libération », Gaëlle Lenfant avait déjà parlé de ce moment : « C’était dans le cadre d’une conversation autour du harcèlement et des agressions, se souvient son ami Laurent Dolias. Elle nous expliquait que, quand ça se produit, on peut rester démuni. Et elle a raconté que ça lui était arrivé aux universités d’été de La Rochelle, sans pour autant préciser qui l’avait agressée, ou alors je ne m’en souviens plus. Son récit, c’était mot pour mot ce qu’elle a écrit par la suite sur Facebook : à la fin de la séance, il l’avait embrassée par surprise et elle était restée interdite, incapable de savoir quoi faire. C’est ce qui m’avait le plus frappé, à l’époque, car ce n’est pas son style de ne rien faire. »

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Même souvenir pour Hélène Lecacheux, actuelle coordinatrice du Parti de Gauche :

« Elle m’a raconté l’histoire chez moi. Elle m’a dit exactement la même chose que dans son post Facebook. Je me souviens même de sa tenue quand elle me l’a racontée, elle portait une robe grise qu’elle mettait beaucoup à cette époque. »

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Éric Zemmour, sollicité à de nombreuses reprises par « Libération », n’a pour le moment pas réagi à ces accusations.

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