Portrait de la semaine : Amelia Earhart

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Aujourd’hui : la chronique histoire « Le portrait de la semaine » sur Amelia Earhart

Amelia Mary Earhart est la première femme aviatrice à avoir réalisé une traversée transatlantique. Après avoir réalisé plusieurs vols en solo jamais faits auparavant, elle disparaît malheureusement lors de son tour du monde en 1939. Voici son histoire.

Amelia Mary Earhart est née le 24 juillet 1897 à Atchison dans le Kansas aux Etats-Unis. Son père était avocat et sa mère venait d’une famille aisée. Elle passa une grande partie de son enfance chez ses grands-parents maternels avec ses parents. Dès son plus jeune âge, Amelia montre un caractère de meneuse, notamment auprès de sa sœur de deux ans sa cadette, Grace. Leur mère ne les éleva pas comme de « gentilles petites filles » ce qui fait que les deux sœurs n’auront pas un comportement commun. Après la mort de ses grands-parents, la famille se retrouve dans une situation financière compliquée. En plus, le père d’Amelia est alcoolique. La famille Earhart déménagera souvent, et Amelia terminera ses années lycée en 1916 à Chicago, à la Hyde Park Academy High School. Elle y excelle en chimie.

Alors qu’elle est à la Ogontz School à Rydal en Pennsylvanie, une école privée pour filles, elle rend visite à sa sœur pour Noël à Toronto, au Canada. C’est là-bas qu’elle développera un intérêt pour la médecine. Pendant la première Guerre mondiale, elle s’engage comme aide-soignante dans le Volutary Aid Detatchment pour la Croix Rouge de Toronto, puis au Spadina Military Hospital du Knox College, toujours à Toronto. Elle connaîtra beaucoup de pilotes blessés et développera une immense admiration pour eux, passant son temps libre à regarder les Royal Flying Corps s’entrainer dans l’aérodrome le plus proche.

Au sortir de la guerre, elle reprend ses études à l’université Columbia à New York où elle étudie la médecine. Elle arrêtera ses études en 1920 pour rejoindre ses parents, qui souhaitaient qu’elle retourne vivre chez eux en Californie.

A un spectacle aérien de Long Beach cette même année, Amelia passe son baptême de l’air. Il ne dure que dix minutes, mais Amelia comprend dès lors qu’elle doit apprendre à piloter. Elle enchaine les petits boulots pour se payer des leçons de pilotage. Elle prend ses cours auprès de Anita Snook, une femme pionnière de l’aviation. Elle lit tout ce qu’elle peut trouver sur l’aviation, et passe la plupart de son temps à l’aérodrome. Elle se coupe les cheveux court, ce qui était à la mode chez les femmes aviatrices. Il paraît même qu’elle dormait dans sa veste en cuir neuve pour lui donner un air un peu usé, pour faire croire qu’elle avait de l’expérience ! En 1921 elle achète son premier avion biplan, un Kinner Airster. A cause de sa couleur jaune vif, elle le surnomme « The Canary ».

Le 22 octobre 1922, Earhart dépasse les 14 000 pieds, soit environ 4 300 mètres. C’est l’altitude record pour une femme pilote. Le 15 mai 1923, elle devient la 16e femme des Etats-Unis à posséder une licence de pilotage délivrée par la Fédération Aéronautique Internationale (FAI).

En 1923, Amelia vend son avion. Sa famille, qui vivait essentiellement de l’héritage de sa mère, est à cours d’argent. Elle s’inscrit à nouveau à l’université Columbia mais est forcée d’abandonner à nouveau ses études car elle n’a pas les moyens de les financer. Elle travaille par la suite comme enseignante, puis comme travailleur social auprès des immigrants de Boston.

Amelia retourne petit à petit vers l’aviation en 1927 et devient membre de l’American Aeronautical Society de Boston. Elle commence à développer une certaine célébrité en rédigeant des articles faisant la promotion de l’aviation dans un journal local.

Charles Lindbergh fait le premier vol solo New York-Paris en mai 1927. L’idée grandit dans les esprits qu’une femme devrait reproduire cet exploit. L’année qui suit, cinq femmes tentent l’aventure. Elles échouent toutes dont trois qui disparaissent en mer. En avril 1928, Amelia Earhart reçoit un appel du Capitaine Hilton H. Railey, pilote et publiciste, qui lui demande si elle souhaiterait faire un vol transatlantique. Vous vous en doutez, la réponse ne se fit pas attendre et fut un grand oui. Mais son rôle au cours de ce vol n’est pas de piloter. C’est Wilmer Stutez qui a ce privilège, avec Louis Gordon comme copilote. Amelia, elle, doit simplement tenir le journal de bord. L’équipe décolle de Trepassey Harbor, Terre-Neuve et amerrit au Pays de Galles. Le trajet prend 20 heures et 40 minutes. Amelia confie dès l’arrivée qu’elle s’est sentie comme « un bagage, comme un sac de pomme-de-terres ». Elle ajoute ensuite « peut-être un jour que j’essaierai seule ». La presse donne le surnom de Lady Lindy à Amelia, qui est un dérivé de Lucky Lind, le surnom de Lindbergh. Le trio est reçu à la Maison Blanche par le président Coolidge. Amelia est désormais une aviatrice célèbre.

Amelia écrit un livre sur le vol, 20 Hrs. 40 Min, en 1928 et entreprend une tournée de conférences à travers les Etats-Unis. Georges Putnam, qui a aidé à organiser le vol historique, gère la publicité autour du livre. Amelia et Georges se marient en 1931 mais elle continue sa carrière sous son nom de jeune fille. Cette année-là, Amelia pilote un autogire à une altitude record de 18 415 pieds (5 700 mètres environ).

A cette époque et en parallèle, Earhart s’implique dans les Ninety-Nines, une organisation de femmes pilotes qui défend le statut des femmes dans l’aviation. Elle devient la première présidente de l’organisation en 1930.

Déterminée à justifier sa renommée que la traversée de 1928 lui a apporté, Amelia Earhart traverse seule l’Atlantique entre le 20 et le 21 mai 1932. Elle décolle de Harbour Grace à bord d’un Lockheed Vega et met 14h56 à arriver en Irlande du Nord. Elle rencontre un certain nombre de difficultés mécaniques et des intempéries, ce qui l’oblige à atterrir l’empêchant de rejoindre Paris comme prévu initialement. Elle devient la première femme à traverser seule l’océan Atlantique en avion. Elle écrit The Fun of It juste après son vol. Dans ce livre, elle décrit sa vie et sa passion pour l’aviation. Earhart entreprend par la suite une série de vols à travers les Etats-Unis.

En 1933, Amelia crée une ligne de vêtements qui est conçue pour « les femmes qui vivent activement ».

En 1935, elle entre à nouveau dans l’histoire avec le tout premier vol solo de Hawaï à la Californie. La route est dangereuse et longue de près de 4 000 km. Cette distance est plus longue que des Etats-Unis vers l’Europe. Elle part d’Honolulu le 11 janvier, et après 17 heures et 7 minutes, elle atterrit à Oakland. Personne ne l’a fait avant elle. Cette même année, elle devient la première personne à voler en solo de Los Angeles à Mexico.

En 1937, Amelia se lance un pari fou et part faire le tour du monde avec Fred Noonan, son navigateur, à bord du Lockheed Electra bimoteur. Le duo part le 1e juin de Miami vers l’est pour un périple de 47 000 km. Régulièrement, ils effectuent des arrêts pour se ravitailler. Le 29 juin, ils atteignent Lae en Nouvelle Guinée et ont déjà parcouru 35 000 km. Ils repartent le 2 juillet en direction de l’île Howland à environ 4 200 km, qui se situe près de la côte est de l’Australie. L’île est très difficile à localiser car très petite. Amelia adresse un message à un navire américain qui guide leur trajet situé à proximité de l’île. « Nous devrions être au-dessus de vous, mais nous ne vous voyons pas. Le carburant commence à baisser ».

Puis c’est le silence radio.

Une recherche approfondie a été entreprise par les Etats-Unis. Le dispositif de recherche est composé de 9 navires et 66 avions. Le Président Roosevelt lui-même parcourra les côtes de l’île. Le 19 juillet 1937, l’opération est annulée et le duo est déclaré perdu en mer. Pendant le voyage, Amelia a envoyé à son époux des documents, dont entre autres des lettres et des journaux intimes. Ils seront publiés dans Last Flight en 1937.

Cette disparition mystérieuse aura alimenté de nombreuses théories. Certains pensent qu’ils se sont écrasés sur une autre île que Howland. D’autres pensent qu’Amelia et Fred se sont fait capturer par les japonais. Les corps d’Amelia et Fred ne furent jamais retrouvés, et nul ne connaît exactement la raison de leur crash. Amelia aura marqué l’histoire par ses exploits, et aussi par son engagement pour les femmes dans le milieu de l’aéronautique.

Eve Poulallion

Sources :

Britannica, Biography, Le Temps, France Inter, L’Histoire par les femmes, Avions légendaires, Wikipedia

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