Partager
Femmes

Les femmes ont perdu au moins 800 milliards de dollars de revenus en 2020, selon Oxfam

Oxfam révèle ce jeudi 29 avril que la crise due à la pandémie de Covid-19 a entraîné pour les femmes du monde entier une perte de revenus d'au moins 800 milliards de dollars en 2020. Ce qui équivaut au PIB combiné de 98 pays.

réagir
Logo Sciences et Avenir

Distribution alimentaire au Bangladesh 

Fabeha Monir / Oxfam

Au moins 800 milliards de dollars. Vertigineux, ce chiffre représente l'estimation de la perte de revenus pour les femmes du monde entier en 2020, qui a été rendue publique ce jeudi 29 avril par Oxfam. Ce qui représente plus que le PIB combiné de 98 pays. Sachant qu'au niveau mondial, la crise sanitaire a fait perdre plus de 64 millions d'emplois l'an dernier aux femmes. Soit une perte de 5%, contre 3,9% pour les hommes.  

Une estimation "très prudente"

Cette estimation a été calculée à partir de l'évolution du nombre de femmes en activités en 2020 par rapport à 2019, selon des indicateurs recensés par l'Organisation International du Travail sur le travail formel. Sandra Lhote-Fernandes, responsable du plaidoyer genre d’Oxfam France, précise toutefois que ces 800 milliards n'incluent pas les salaires perdus par les millions de femmes qui évoluent dans le marché informel – travailleuses domestiques, commerçantes sur les marchés et ouvrières de la confection textile – qui ont été renvoyées chez elles ou dont les heures de travail et les revenus ont été considérablement réduits.

A ce titre, il s'agit donc d'une estimation qui reste "très prudente", qui "sous-estime une part très importante des travailleuses dans un grand nombre de pays en développement". Ce que l'on sait, c'est qu'ONU Femmes a calculé que pendant les premiers mois de la pandémie, les travailleuses du secteur informel à l'échelle mondiale ont connu une perte de revenus de 60%. En Afrique subsaharienne par exemple, c'est une perte de revenus de 80% pour les travailleuses du secteur informel, précise Sandra Lhote-Fernandes.

Lire aussiQui sont les héroïnes du Covid-19?

"Les femmes sont les grandes perdantes de cette crise"

Une certitude, la pandémie de Covid-19 a porté "un coup dur aux progrès accomplis récemment en faveur des femmes sur le marché du travail." Sur les secteurs touchés de plein fouet par la pandémie comme le tourisme, le travail domestique, ou le commerce de détail, les femmes sont sur-représentées. Ce qui explique que "les femmes sont les grandes perdantes de cette crise", avec un "impact économique important". En effet, les femmes ont été plus susceptibles que les hommes de perdre leur emploi ou de voir leurs heures de travail réduites pendant la pandémie, en grande partie à cause de leurs responsabilités familiales. Avant même que le virus ne frappe, Oxfam rappelle que des femmes et des filles assumaient chaque jour l’équivalent de 12,5 milliards d'heures d'activités de soins non rémunérées. Un travail dont la valeur serait d’au moins 10.800 milliards de dollars chaque année. Soit plus de trois fois la valeur du secteur des technologies à l’échelle mondiale.

"Pour les femmes de tous les pays et de tous les continents, la perte de revenus est allée de pair avec un accroissement considérable du travail de soins non rémunéré. Alors que les besoins en soins se sont énormément accrus au fil de la pandémie, les femmes – qui sont les véritables ‘amortisseurs’ de nos sociétés – se sont impliquées pour combler le vide. Cela répond à une attente bien souvent imposée par des normes sociales sexistes", ajoute Sandra Lhote-Fernandes.

Un effet cicatrice

Et ça ne s'arrête pas là. Les effets de la crise risquent bien de fragiliser durablement les droits des femmes. En effet, le Forum Economique Mondial évoque déjà 36 années perdues en matière d'égalité femmes-hommes. Même chose au niveau de la lutte contre la pauvreté: 47 millions de femmes au niveau mondial vont basculer dans l'extrême-pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 1,90 dollar par jour à cause de la pandémie du coronavirus. "Donc ce qu'on vit actuellement risque de produire un effet cicatrice avec des inégalités qui s'aggravent en l'espace d'un an et qui vont avoir un effet durable sur la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes", analyse Sandra Lhote-Fernandes.

Lire aussi"Il faut flécher le plan de relance sur les femmes et l’égalité avec les hommes"

Dans ce contexte, Oxfam appelle à des mesures de rattrapage pour corriger cette aggravation des inégalités. Et que soit intégrée réellement l'égalité femmes-hommes au plan de relance dans les réponses du gouvernement pour faire face à la crise. Oxfam France demande à l'Etat de "corriger sa copie" afin d'intégrer la question de ces inégalités aux mesures qui seront annoncées dans les mois à venir. Avec pour échéance le début de l'examen la semaine prochaine d’une proposition de loi sur l'égalité économique entre les femmes et les hommes, portée par la députée de la majorité Marie-Pierre Rixain ainsi que la tenue dans deux mois d'un sommet des Nations Unies en faveur des droits des femmes, le Forum génération égalité que présidera la France.

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications