Lundi 3 mai en fin de matinée, le groupe de travail qu’elle présidait au Conseil supérieur de l’audiovisuel s’est étonné de ne pas voir apparaître Michèle Léridon derrière son écran. La conseillère auprès de Roch-Olivier Maistre n’avait pas prévenu d’une éventuelle absence à cette réunion virtuelle, ni d’une quelconque indisposition. Agée de 62 ans, l’ancienne journaliste s’est éteinte chez elle, lundi 3 mai, laissant derrière elle trois fils.
« C’est un grand choc pour la maison, et une profonde tristesse, confie au Monde le président du CSA. C’étaitune femme d’une grande bienveillance, très appréciée et très respectée pour sa rigueur professionnelle. Nous avons l’impression de perdre une très grande personne et une amie. » Nommée membre de l’instance sur proposition du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, où elle était arrivée le même jour que le successeur d’Olivier Schrameck, le 4 février 2019, elle présidait le groupe de travail « droits et libertés, pluralisme et déontologie ». Un domaine de prédilection pour celle qui fut également administratrice de Reporters sans frontières. « Michèle alliait la rigueur et l’engagement, la mesure et le courage », loue le secrétaire général l’ONG, Christophe Deloire. « Je l’ai vue à l’œuvre, elle avait une sacrée détermination », résume-t-il.
« Probité, hauteur de vue »
Michèle Léridon arrivait de l’Agence France-Presse, où elle était entrée en 1981. A son départ, membre du comité exécutif, elle en dirigeait l’information depuis 2014. « Elle était la première femme à ce poste à l’AFP », se souvient Emmanuel Hoog qui l’y avait nommée et dont il était devenu très proche. L’ancien PDG de l’Agence, aujourd’hui directeur général du groupe Combat de Matthieu Pigasse (actionnaire du groupe Le Monde à titre personnel), se souvient de « la confiance et la reconnaissance » que lui accordaient ses équipes, auprès desquelles elle avait pu faire valoir « sa probité, son élégance intellectuelle, sa hauteur de vue », mais aussi son féminisme.
C’est dans ces fonctions qu’elle avait connu l’un des moments les plus désagréables de sa carrière professionnelle quand, en 2015, l’agence avait annoncé à tort le décès de Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues. « L’information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d’image », avait regretté la journaliste dans un courriel aux salariés. La lutte contre la désinformation et les infox faisait déjà partie de ses préoccupations majeures, de même que l’éducation aux médias et à l’information; les bénévoles de l’association Entre les lignes, qui animent des ateliers d’éducation aux médias et à l’information au sein du système scolaire (et que Le Monde a rejoint en 2017), savaient pouvoir compter sur son soutien. « Son engagement en faveur de la liberté d’expression et de la liberté de l’information aura jalonné son parcours », rappelle le CSA dans un communiqué publié mardi 4 mai.
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