73 % des femmes sont cyberharcelées

“Internet amplifie la misogynie”, dénoncent Florence Hainaut et Myriam Leroy dans leur documentaire choc, #Sale Pute ! à voir sur la Une ce mercredi 12 mai, à 20h30.

73 % des femmes sont cyberharcelées
©RTBF/Romain Garcin

C’est un documentaire à regarder en famille. Et à montrer dans toutes les écoles. Derrière son titre provocateur, #Sale Pute ! dénonce le cyberharcèlement qui gangrène notre société et dont sont victimes 73 % des femmes. Le chiffre est impressionnant, la réalité repoussante. Ce n’est pas un hasard si le documentaire de Florence Hainaut et Myriam Leroy s’ouvre par la lecture de messages tous plus ignobles les uns que les autres, dont voici le moins trash (c’est dire…) : “Tant que tu n’as pas été violée, ça ne compte pas.”

On parle de faits divers, d’une “technologie devenue folle”, du “revers de la célébrité”, alors que cette cyberviolence fait partie d’un véritable système traduisant un mépris des femmes.

Classiquement, ces appels au viol ou au meurtre sont attribués aux hommes d’extrême droite, mais le documentaire montre que le problème est bien plus large : “On dirait que les insultes viennent toutes du même homme, ce qui montre la nature systémique des insultes.” “Internet amplifie la misogynie : il est plus difficile d’y échapper”, ajoute une intervenante. La moitié des femmes victimes de ces comportements connaissent leur agresseur. L’anonymat n’est donc pas le problème. Mais bien la manière d’y réagir. Car, aujourd’hui, c’est un comble, “harceler rend populaire.” Et pour une femme politique allemande, “les plateformes font partie intégrante du problème : elles ont développé des algorithmes qui font réagir aux sentiments négatifs. La haine fait partie de leur business model.”

“Celles qui témoignent sont harcelées en retour, dénoncent les deux journalistes. C’est le principe de la nasse : plus tu te débats, plus ça se resserre. Quoi que tu fasses, tu perds.” 

De fait, 55 % des femmes sont stressées après avoir été victimes de violence en ligne, 41 % craignent pour leur sécurité physique et 24 % pour leur famille. Et lorsqu’elles ont le courage de porter plainte, elles ont souvent le sentiment de ne pas être prises au sérieux. “Ce n’est pas important, il suffit de ne pas aller sur internet”, leur répond-on. Alors que c’est justement ce que recherchent les cyberharceleurs. “Quand on nous dit : Ce ne sont que des mots, ce que nous entendons, c’est : Ce ne sont que des femmes”, concluent Myriam Leroy et Florence Hainaut. Pour qui il faut que de plus en plus de personnes portent plainte, afin de générer l’équivalent du mouvement #MeToo, “pour que cela devienne impossible à nier.”

À voir absolument, donc, pour ouvrir un débat de société indispensable pour nous tous.

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