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Trois ans de prison requis contre le prof de gym accusé d’agressions sexuelles sur onze jeunes filles

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Pendant cinq ans, cet éducateur sportif apprécié de tous est accusé d’avoir eu des gestes déplacés sur ses élèves. Onze jeunes filles ont déposé plainte, elles en restent traumatisées. Jugé devant le tribunal correctionnel de Montauban, une peine de trois ans de prison ferme a été requise.

Le professeur de gym avait des gestes inappropriés et insistants sur ses jeunes élèves dans le Tarn-et-Garonne Le professeur de gym avait des gestes inappropriés et insistants sur ses jeunes élèves dans le Tarn-et-Garonne
Le professeur de gym avait des gestes inappropriés et insistants sur ses jeunes élèves dans le Tarn-et-Garonne © Maxppp - Jean-Marc LOOS

Trois ans de prison ferme ont été requis à l’encontre du prof de gym jugé ce mardi 19 mai devant le tribunal correctionnel de Montauban pour agressions sexuelles sur mineur. Pendant cinq ans, de 2013 à 2018, cet éducateur sportif, très apprécié de tous, est accusé d'avoir eu des gestes déplacés sur ses élèves, des petites filles de 5 à 12 ans victimes d'attouchements pendant les exercices de gym, à Montesquieu et sur d'autres communes du Tarn-et-Garonne. Onze jeunes filles ont porté plainte. 500 images pédopornographiques ont été saisies sur le disque dur de cet ex-éducateur sportif, qui après avoir nié, a reconnu à l'audience son penchant pédophile, même s'il minimise encore la portée de ses gestes en cours.

Des enfants traumatisés

Face aux familles et à certaines jeunes filles, réunies quatre ans après les faits dans la salle d’audience du tribunal de Montauban, Gilles L, 57 ans, parle encore de ces caresses appuyées sur ses élèves pendant les exercices de gym, comme de simples « chatouilles », de « geste professionnel », ou même « paternel » .  

Ces gestes "rassurants" visaient "exclusivement les jeunes filles, jamais les garçons" lui fait remarquer le président du tribunal.

Pourtant, ses élèves racontent ces caresses insistantes qui s’attardent sur le ventre, la poitrine, les fesses pendant les exercices de gym.

Parmi les victimes, Maud. Elle a aujourd'hui 19 ans. Quatre ans après les faits, elle reste traumatisée par les gestes déplacés de son entraîneur. «  Pendant les parades, ou quand il devait me monter à la barre supérieure, au lieu de me prendre au niveau des cuisses, il me prenait au niveau de l’aine. Même si je n’avais pas besoin d’aide, il venait m’aider pour me toucher la poitrine ou les fesses. »

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À l’époque, Maud a essayé d’en parler à l’autre éducatrice sportive de gym, mais on ne l’a pas cru. « Elle m’a dit que c’était normal, que c’était des gestes professionnels.» Quatre ans après, Maud reste traumatisée :  « Aujourd’hui, j’ai énormément de mal avec les personnes qui m’entourent, la relation humaine est très compliquée. _Il a violé mon intimité, c’est très difficile__."_

Maud, qui consulte depuis peu un psychologue, espère que son agresseur sera « reconnu coupable, et qu’il prenne, si possible, de la prison ferme pour qu’il puisse comprendre le mal qu’il a pu nous faire ».

« On ne m’a pas cru quand j’ai dénoncé les faits, j’espère qu’aujourd’hui les gens comprennent que c’est quand même grave et qu’il faut en parler, il faut être écouté. » ajoute la jeune femme qui a bien du mal à écouter les justifications de son ancien professeur pendant l’audience.

On ne les croyait pas

Il a fallu trois ans de combat et l'acharnement des familles pour que la justice reconnaisse enfin la gravité des faits, explique Maitre Alexandra Tempels Ruis, l'avocate des familles des 11 jeunes filles victimes de leur éducateur sportif.

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« Il a fallu tenir la main de la justice pas à pas pour en arriver à un dossier qui présente l’accusé comme le véritable prédateur sexuel qu’il est, et non pas comme le brave type, le professeur de gymnastique bien avec tout le monde. Personne n’a envie de l’embêter. Quand on tripote des enfants, après tout, on ne les a pas violés. On a pas envie de croire non plus, parce que beaucoup de parents se disent, moi aussi j’aurais fait confiance à cette personne, je n’ai pas envie de croire que je me serais trompé.» Maitre Tempels-Ruis donne un conseil à tous les parents qui seraient confrontés à ces faits : « Méfiez vous de tout le monde, et surtout croyez les enfants, cessez de croire que ce qu’ils subissent n’est pas grave. »

Gilou, le prof modèle

Sylvie voit encore aujourd’hui sa fille faire des cauchemars. Dès 2018, en parlant avec d'autres parents d'élèves de ce professeur de gym, elle réalise qu’il mène les mêmes agissements sur d’autres enfants depuis des années. Mais Gilou, comme on surnomme ce prof de gym, est apprécié de tous.

Arrivé de Dieppe, il s’installe dans le Tarn-et- et Garonne en 2013. Avant de prendre le poste d’éducateur sportif à Montesquieu, il a déjà travaillé dans plusieurs clubs dans la région de Moissac, à Castelsarrasin, à Laville-Dieu-du-Temple. 

Dès 2013, ces gestes déplacés étaient dénoncés à Valence d’Agen, la mairie avait mis fin à son contrat. Il aura fallu attendre février 2018 à Montesquieu pour qu’une petite fille de huit ans confie à ses parents que son professeur lui a prodigué des caresses pour que la justice commence à prendre l’affaire au sérieux. Avant 2018, une première plainte avait été classée sans suite, « faute d’éléments suffisants ».

Les parents des enfants victimes vont eux même prendre les choses en main, alerter les médias, pour que la justice reconnaisse l’étendue des victimes de Gilles L.

La justice prend enfin en compte la gravité des faits

A l'issue de ce procès symbole des violences sexuelles dans le sport, Sylvie, la mère d'une des 11 jeunes filles victimes, se dit soulagée que la justice les ait enfin entendues : « Cette peine requise de trois ans de prison ferme, cela veut dire qu’on avait raison d’aller jusqu’au bout, pour nos enfants. Le fait qu’on dise qu’il doit être radié à vie du domaine du sport dans toute la France pour tous les enfants, c’était important pour nous. Nos filles ont dit vrai ! On reconnait la culpabilité de leur agresseur. Il va falloir maintenant continuer à les accompagner nos filles, longtemps, mais on sera là, avec elles ».

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Sylvie a vu pendant l’audience le « profil du parfait pédophile. C’était ma main, ce n’était pas moi. Ce sont des choses qui sont difficiles à entendre, mais on s’y attendait ».

Placé devant les faits, ces centaines de photos pédopornographiques « d’une violence et d’une cruauté inouïes » dénonce la procureure, Gilles L. conçoit du bout des lèvres qu’il a pris conscience de la gravité des faits, mais qu’il ne voit toujours pas de liens directs avec les gestes de proximité avec ses jeunes élèves pendant les cours de gym.

Même s’il a de lui-même consulté une psychologue, alors que son contrôle judiciaire ne l’y obligeait pas, a-t-il vraiment pris conscience de la gravité des faits ? 

« Vous parlez toujours de chatouilles, non, il s’agit d’abus sexuels » lui fait remarquer la procureure qui réclame une peine de trois ans de prison ferme.

Le jugement est mis en délibéré au 6 juillet prochain.

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