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#MeToo

Deux nouveaux témoignages accusent Eric Zemmour d’agressions sexuelles

Violences sexuellesdossier
Deux mois après plusieurs accusations d’agressions sexuelles à l’encontre du polémiste de droite, «Médiapart» a publié dimanche deux nouveaux témoignages mettant de nouveau en cause son comportement avec les femmes.
par LIBERATION
publié le 31 mai 2021 à 7h24

Ce sont deux récits qui ne devraient pas arranger les affaires d’Eric Zemmour. Accusé d’agressions sexuelles en avril par plusieurs femmes, le polémiste employé par la chaîne CNews se retrouve à nouveau mis en cause via par plusieurs femmes ayant croisé la route de celui que ses employeurs n’ont, pour l’instant, jamais lâché. L’enquête publiée dimanche par le site d’information Médiapart est construite autour de deux témoignages, datant de 2018 et des années 1990. Selon Médiapart, le cas Zemmour sera à l’ordre du jour d’une réunion au Figaro, le 2 juin, à la demande de la Société des journalistes.

Il y a trois ans au cours d’une conversation à l’origine «uniquement professionnelle» avec Eric Zemmour, ce dernier aurait «subitement glissé une main pour la poser sur [sa] cuisse. […] Il me dit qu’il n’aime pas la séduction, que ça ne l’intéresse pas», raconte l’attachée de presse citée par Médiapart. Quelques jours plus tard, l’essayiste conclut brutalement une conversation avec elle par un message sibyllin : «Alors j attendrai que vous m invitiez chez vous pour vous violer ! (sic)». Message que la jeune femme a fait constater par un huissier de justice.

L’autre témoignage renvoie à des faits plus anciens, qui auraient eu lieu à la fin des années 1990. Il s’agit cette fois d’une jeune journaliste, 21 ans à l’époque, qui rencontre Eric Zemmour «dans le cadre de son mémoire de sciences politiques consacré à la place des journalistes dans la société», indique Médiapart. Selon elle, ils se seraient retrouvés l’après-midi même dans un café à deux pas du Figaro, où le journaliste tient une chronique. La conversation se serait engagée sur «[son] stage, [ses] études», «mais assez vite», il aurait «dévié» : «Il me fait quelques compliments, il rentre vraiment dans des propositions très claires pour des relations intimes. Il n’y va pas par quatre chemins, c’est très clair, très assumé. J’étais complètement stupéfaite, je ne m’y attendais pas. Moi, j’étais vraiment dans une démarche très saine, très honnête», rapporte Séverine, la journaliste en question. Selon elle, Eric Zemmour aurait «mis sa main sur [sa] cuisse, de façon appuyée» et l’aurait «laissée posée en continuant à [lui] parler, avec vraiment ce regard insistant».

Déjà visé par plusieurs accusations

Il l’aurait ensuite suivie à l’intérieur du journal. «Juste avant d’arriver à son étage», il l’aurait «poussée contre la paroi de l’ascenseur» et l’aurait «embrassée de force, mais très franchement. Ça s’est passé très vite, je n’ai pas eu le temps de réagir, il est sorti. Je n’étais pas consentante, j’avais clairement dit non. J’étais bouche bée», se souvient-elle, toujours citée par Médiapart.

Deux nouvelles accusations qui viennent s’ajouter aux six recensées à partir d’avril dernier. Eric Zemmour est dans la tourmente depuis la publication le 24 avril sur Facebook d’un témoignage de Gaëlle Lenfant, conseillère municipale d’opposition à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et ancienne responsable aux droits des femmes du Parti socialiste (PS). L’élue y explique que la découverte d’un affichage dans sa commune en faveur d’une candidature d’Eric Zemmour à l’élection présidentielle lui a rappelé «cet instant de (sa) vie dégoûtant» lorsque ce dernier l’a embrassée «de force» lors d’une université d’été du PS à La Rochelle au début des années 2000. «Je me suis trouvée tellement sidérée que je n’ai rien pu faire d’autre que le repousser et m’enfuir en courant», relate Gaëlle Lenfant, alors «jeune militante» socialiste. «Il s’est servi. C’était il y a des années, mais le dégoût ne s’en va pas», ajoute-t-elle.

Quelques jours après cette publication, la journaliste et autrice belge Aurore Van Opstal avait affirmé sur Twitter qu’Eric Zemmour lui avait «caressé la cuisse jusqu’à l’entrejambe» quelques minutes après leur rencontre dans un café parisien. Quatre autres témoignages développés dans une première enquête de Médiapart font état de baisers forcés du polémiste à une jeune journaliste en 2005, et d’une attitude «déplacée» en 2012 envers une stagiaire au Figaro, d’un SMS équivoque en 2019 à une cheffe d’édition de CNews ou de l’agression sexuelle d’une maquilleuse en loge. Une nouvelle fois contacté par Médiapart, Eric Zemmour n’a pas souhaité répondre aux questions du journal d’investigation en ligne.

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