La pandémie de Covid-19 va représenter une perte de près de 600 000 dollars dans la vie des femmes qui travaillent, estime une étude affichée en une de Newsweek. Entre l’accumulation de toutes les pertes liées aux départs pour s’occuper du foyer, les non-cotisations et les opportunités manquées, la pandémie a généré une perte individuelle et collective pour les femmes. Le Bureau national de recherche économique des États-Unis calcule qu’il faudra vingt ans pour revenir à l’écart salarial pré-pandémie qui était déjà, rappelons-le, loin d’être brillant.

Nombreux sacrifices

Aux États-Unis, quatre femmes sur dix ont arrêté de travailler ou réduit leur temps de travail, “soit en raison de licenciements dans les secteurs qui emploient beaucoup de femmes et qui ont été durement frappés par le virus, soit parce qu’elles ont dû arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants suite à la fermeture des crèches et des écoles”, explique l’hebdomadaire américain. Une régression inédite avec un taux d’emploi féminin en 2021 équivalant à celui de 1988.

Cette perte sèche de revenus entraîne une dépendance accrue au conjoint et a tendance à renforcer une division genrée des rôles au sein du couple. Après un début de carrière au prix de nombreux sacrifices, un retour à la maison a également des conséquences psychologiques. “Comme moi, [toutes mes collègues ayant des enfants en bas âge] ont dû cesser de travailler ou faire des sacrifices, sans savoir quelles en seront les conséquences”, raconte Hannah Lidman, qui a démissionné pour s’occuper de ses enfants pendant la pandémie.

Outre la perte directe de revenu, être au chômage pendant plusieurs mois a un impact direct sur la carrière des femmes et leurs futurs revenus. “Cesser de travailler pendant seulement un an sur une période de quinze ans entraîne une baisse de 39 % des revenus annuels, d’après une étude menée en 2018 par l’Institut de recherche sur les politiques liées aux femmes.”

Future crise des retraites

Une étude de 2018 de l’université de Caroline du Nord a également montré qu’une période sans emploi liée à des préoccupations familiales impactait le choix des recruteurs : “Les mères au foyer ont deux fois moins de chances de se voir proposer un entretien que celles qui ont cessé de travailler pour d’autres raisons”, rappelle l’hebdomadaire américain.

Aux États-Unis, l’employeur peut proposer de placer une partie du salaire de son employé dans un fonds privé qui viendra en complément de sa retraite de base. Mais ce placement peut être récupéré à tout moment, et “d’après une étude de Capital Group [un organisme de gestion des fonds de pension] parue en mai, près de 45 % des femmes nées dans les années 1980 et 1990 ont interrompu leurs cotisations ou prélevé de l’argent sur le plan d’épargne retraite de leur employeur l’an dernier”.

Renoncer à un emploi c’est généralement renoncer à cotiser une part importante de sa future retraite. Dans le cas de Susan Coll-Guedes, professeure d’arts plastiques, “il faudra se débrouiller avec la retraite de son mari et le peu d’argent qu’elle a réussi à mettre de côté”.