TÉMOIGNAGES. Femmes agressées dans des bus en plein jour à Rouen : "Il a tiré sur ma robe"

Deux agressions de femmes en plein jour dans les transports ont été racontées sur les réseaux sociaux, récemment. La Métropole agit, toutefois, pour sécuriser les transports.

Un chauffeur de la ligne F3 a été roué de coups mercredi 2 septembre 2020, à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Julina, âgée d’une vingtaine d’années, a subi l’insistance d’un inconnu dans le bus à Rouen (Seine-Maritime) : il a d’abord évoqué sa robe, avant de la « bloquer » sur son siège. (©Illustration : FM/76actu)
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Il est triste de le présenter ainsi, mais la situation, bien qu’intolérable, est finalement connue de beaucoup de femmes usagères des transports en commun. Malgré la foule, aux heures de pointe, ou à l’inverse, le vide, aux horaires creux, les agressions, plus ou moins violentes prennent place, dans les bus, même en plein jour.

À Rouen (Seine-Maritime), deux récits ont été livrés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Celui de Julina, qui a pris peur face à l’insistance d’un inconnu, dans un Teor de la ligne 1, et celui de Nour, qui, lui, est venu en aide à une jeune fille qui tentait d’échapper aux assauts d’un homme, dans le T2. 

« J’ai dû escalader les sièges »

Âgée d’une vingtaine d’années, Julina se rendait au CHU de Rouen, le 1er juin, dans le cadre de son stage en ingénierie biomédicale. « Il était 9h20, j’étais assise dans le fond du Teor, il n’y avait presque personne, quand cet homme est monté à l’arrêt Cathédrale. Au lieu de s’asseoir sur une place inoccupée, il s’est assis à côté de moi », explique Julina. De quoi mettre la puce à l’oreille quant aux intentions pas très claires de l’inconnu, âgé d’une « soixantaine d’années », selon la jeune femme. 

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Il a ensuite entamé la conversation avec elle, puis l’a questionné sur la robe qu’elle portait. « Il a tiré sur ma robe. J’ai tout de suite réagi, pour changer de place. Et c’est là que j’ai pris peur : il m’a répondu un ‘non’ catégorique. À ce moment-là, je me suis dit que je ne connaissais pas cet homme, et qu’il pouvait avoir un couteau sur lui, ou autres… »

Julina a compris que l’homme ne compte pas renoncer, comme les passagers alentour, qui ont fini par intervenir. Un groupe de filles, lui aussi désemparé face à la situation, a expliqué à l’homme – qui bloquait le passage à Julina – que c’était son droit le plus strict de changer de siège. Mais rien n’y faisait. « J’ai dû escalader les sièges, par l’arrière, alors que le bus était en mouvement ! » Elle a déposé une main courante. 

« L’homme l’a suivie »

Une jeune fille d’une quinzaine d’années, selon Nour, s’est retrouvée dans le même désarroi, le 7 juin. L’étudiant de 25 ans rentrait chez lui à bord du T2, quand il a vu celle qu’il décrit comme une « fillette » paniquée dans le véhicule. Elle a quitté son siège précipitamment, face aux assauts d’un homme d’une quarantaine d’années, selon Nour. « Elle s’est levée, l’homme l’a suivie, il essayait d’engager la conversation avec elle. »

Nour est intervenu sur-le-champ. « Je lui ai dit de s’éloigner d’elle, de la laisser tranquille. À la fillette, qui était complètement stressée, je lui ai dit de s’asseoir en face de moi. » Devant la menace, le passager a battu en retraite. « Il m’a dit que j’avais mal compris la situation, que c’était de la rigolade, et qu’on en avait besoin en ces temps tendus. Il s’est empressé de descendre à l’arrêt suivant. » Une fois son agresseur volatilisé, la victime a confié à Nour que l’inconnu avait essayé, d’entrée, de s’asseoir sur elle. 

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Une unité de police, des outils sophistiqués…

Sur la question de la sécurité dans les transports en commun, Transdev Rouen, qui opère le Réseau Astuce, en dit plus. « Chaque véhicule est équipé d’un système de phonie, reliant le conducteur au poste de commandement centralisé (PCC) ». De là-bas, une ligne dédiée permet de prévenir rapidement la police et les pompiers, si besoin. 

Il y a les effectifs humains sur le terrain, à savoir une unité de la police nationale spécialisée dans la sécurisation des transports en commun, des agents-contrôleurs, ainsi qu’une « équipe opérationnelle terrain », qui porte assistance aux personnels et aux clients. Tous sont présents en journée et en soirée. Enfin, depuis 2017, quelque 800 employés – conducteurs, contrôleurs…- ont été formés à la prise en charge des personnes agressées dans les transports. 

La nuit, un relais s’opère. La Métropole Rouen Normandie a équipé, à l’automne 2020, 24 bus de nuit d’outils sophistiqués pour justement lutter efficacement contre les situations à risques. Ils permettent le déclenchement d’un enregistrement vidéo, envoyé directement au PCC, situé rue Jeanne-d’Arc. Les employés peuvent « renvoyer le flux d’images à la police », indique Cyrille Moreau, en charge des transports à la Métropole.

Il y a ainsi un boîtier orange, qui peut être actionné par n’importe quel passager, une pédale spéciale pour le chauffeur, et des capteurs qui se déclenchent si le volume sonore augmente (dans les cas d’accrochages, d’incivilités…). Et la descente à la demande dès 22 heures. 

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Les risques d’agressions sont finalement presque plus courants en journée que la nuit. « Il est vrai que quand on regarde l’ensemble des incivilités, elles surviennent aux heures de pointe et aux lieux de correspondances, comme à Théâtre des arts, le plus gros nœud de la ville », explique Cyrille Moreau. Pour l’heure, 10% des bus de nuit sont équipés des outils déclencheurs de l’enregistrement vidéo. 

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