De plus en plus d’entreprises dans le monde mettent en place des mesures pour accompagner les femmes qui souffrent de douleurs sévères une fois par mois, pendant leur menstruation. “D’un continent à l’autre, les initiatives fleurissent”, raconte Le Temps. Comme à la Collective, une société française de démarchage, qui a mis en place un jour de congé menstruel par mois après qu’un questionnaire anonyme a révélé que “9 salariées sur 16 avaient des règles douloureuses”. Dimitri Lamoureux, son cogérant, explique :

C’est un métier physique, qui nécessite d’être debout dans la rue du matin au soir, souriant, dynamique. Certaines employées venaient malgré la douleur, d’autres manquaient le travail et perdaient un jour de salaire. Ça ne correspondait pas à notre vision du bien-être au travail.”

En Inde, une société de livraison de repas, Zomato, a inauguré à l’été 2020 dix jours de congé menstruels par an. En Australie, une ONG de défense des droits des femmes offre douze jours tandis qu’un fonds de pension en propose six, avec différentes options, comme télétravailler, venir au bureau avec un accès à un espace de repos ou prendre un congé. Sa directrice explique : “50 % de la population mondiale a ses règles, et 50 % de nos employés sont des femmes. Nous voulons normaliser les processus qui traversent le corps des femmes. Cela signifie éliminer la honte et la stigmatisation associées aux règles et à la ménopause.”

Selon une enquête publiée par le British Medical Journal en 2020, “68 % des femmes sont favorables à la possibilité d’horaires plus flexibles” pendant cette période où quelque 30 % d’entre elles ont des douleurs sévères.

Le combat contre les inégalités d’abord

Mais si “le congé menstruel fait son chemin”, remarque le quotidien suisse, “il fait aussi débat, alors que les inégalités professionnelles n’ont pas encore été comblées”.

“Beaucoup de femmes voient dans le congé menstruel un argument supplémentaire pour les exclure”, explique Aline Bœuf, qui achève son master de sociologie à l’université de Genève “sur l’expérience du cycle menstruel dans le monde professionnel”.

Le congé menstruel est susceptible de “favoriser les discriminations ou le harcèlement”, affirme la gynécologue Saira-Christine Renteria. Au Japon, ce congé existe depuis 1947 mais il n’est pas rémunéré et “moins de 1 % des salariées le réclament”. En Corée du Sud, où il est proposé depuis 1950, “même faible enthousiasme”. La raison ? “Parce que ces pays sont aussi parmi ceux présentant les plus gros écarts de salaire, et le moins de femmes cadres selon les classements de l’OCDE”, et que les femmes ont d’abord “à lutter pour prendre leur place”.