Il avait été la première célébrité jugée de l’ère #metoo. Bill Cosby, 83 ans, qui avait été condamné en septembre 2018 par un juge de Pennsylvanie à un maximum de dix ans de prison pour agression sexuelle, a vu sa peine annulée par la cour suprême de Pennsylvanie, mercredi 30 juin.
« Les condamnations et les peines infligées à Bill Cosby sont annulées et il doit être libéré », écrit la haute juridiction à la fin d’un long arrêt de 79 pages.
Peu avant 14 h 30 (20 h 30 à Paris), le créateur de la série The Cosby Show est sorti de SCI Phoenix, établissement situé à Collegeville en Pennsylvanie, où il était détenu depuis sa condamnation, en septembre 2018, pour avoir drogué et agressé sexuellement Andrea Constand, une femme qu’il avait invitée à son domicile en 2004. Plus tard, devant chez lui, il s’est présenté entouré de ses avocats et de son porte-parole, mais ne s’est pas exprimé, faisant simplement le V de la victoire avec deux doigts.
Dans sa décision, la cour suprême rappelle que Bruce Castor, le premier procureur chargé du dossier, avait décidé de ne pas le poursuivre au pénal, tout en l’incitant à témoigner dans une procédure au civil intentée par la plaignante. Or ce témoignage a ensuite été retenu contre lui lors de son procès, quand un nouveau procureur a décidé de relancer l’affaire des années plus tard, notent les magistrats.
« Quand un procureur prend une décision publique avec l’intention de peser sur les actions de l’accusé et que celui-ci le fait à son détriment [et parfois sur les conseils de son avocat], lui refuser le bénéfice de cette décision est un affront au principe fondamental d’équité », jugent-ils.
Une décision dénoncée
La condamnation de Bill Cosby était considérée comme la première de l’ère #metoo et une victoire dans la lutte contre les violences sexuelles visant les femmes.
« J’espère que cette décision ne va pas dissuader les victimes de signaler des agressions sexuelles », a réagi le procureur Kevin Steele, à l’origine des poursuites, dans un communiqué. « Nous considérons toujours que nul n’est au-dessus de la loi, y compris ceux qui sont riches, célèbres et puissants. »
« Il n’est pas libéré parce qu’il est innocent », a écrit sur Twitter l’avocate Lisa Bloom, qui représente trois femmes qui accusent Bill Cosby de les avoir agressées, lesquelles sont « dégoûtées » par la nouvelle. Pour l’avocate, l’ancien humoriste va sortir de prison « parce qu’un procureur lui a promis, il y a des années, qu’il ne serait pas poursuivi ».
« Bill Cosby reste un violeur malfaisant », a fustigé sur Twitter, Rosanna Arquette, qui a accusé l’ancien producteur Harvey Weinstein de l’avoir harcelé sexuellement. Une autre victime du producteur, l’actrice Rose McGowan, a dit : « Je suis avec toutes celles qui accusent Bill Cosby en cette sombre journée. »
A contrario, Phylicia Rashad, qui jouait l’épouse de Bill Cosby dans The Cosby Show, a estimé qu’« une terrible injustice est réparée – une erreur judiciaire est corrigée ! »
Accusé par une soixantaine de femmes
Créateur de la série télévisée The Cosby Show (1984-1992), légende de la télévision américaine et considéré comme l’incarnation du père idéal, l’acteur, l’un des premiers Afro-Américains à percer sur le petit écran, avait été reconnu coupable d’agression sexuelle sur Andrea Constand, ancienne responsable de l’équipe de basket de l’université de Temple, en janvier 2004, à son domicile de Cheltenham, dans la banlieue nord de Philadelphie (Pennsylvanie).
Un premier procès concernant cette affaire avait eu lieu en juin 2017. Mais, après six jours de délibérations, la procédure s’était achevée par une annulation, les jurés n’ayant pu s’entendre sur un verdict.
Bill Cosby a été accusé d’agression sexuelle par plus de soixante femmes, allégations qui étaient toutes prescrites sauf celle concernant Andrea Constand. Dans le cadre d’un accord à l’amiable, Bill Cosby avait déjà versé 3,38 millions de dollars à Andrea Constand en 2006.
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