Féminicide à Bordeaux : ce que l'on sait du meurtre de Sandra P.

  • Annie, la mère de Sandra P. et Gérard, son beau-père, prennent part à un rassemblement devant le domicile de leur fille.
    Annie, la mère de Sandra P. et Gérard, son beau-père, prennent part à un rassemblement devant le domicile de leur fille. AFP - MEHDI FEDOUACH
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l'essentiel L'ex-conjoint de Sandra P. a été mis en examen et écroué dimanche après avoir mortellement poignardé son ex-conjointe, mère d'une petite fille de quatre ans.

Que s'est-il passé ?

Vendredi 2 juillet, Sandra P., âgée de 31 ans, a été tuée au couteau à Bordeaux. Selon la procureur de la République de Bordeaux, Frédérique Portiere, le commissariat de la ville a été appelé dans la matinée par un témoin qui avait entendu des cris de femme. À leur arrivée, les policiers ont découvert le corps de la victime sans vie, le visage en sang "portant manifestement des traces de coups de couteau." 

Selon le propre récit de l'ex-conjoint, Mickaël F. s'est introduit chez elle à 4h30 du matin vendredi, et s'est caché dans un appentis. Muni de gants, il a attendu que la jeune femme revienne de l'école après avoir déposé sa fille, "pour la pousser" dans le logement et "tenter d'avoir une explication", a rapporté la procureure dans un communiqué. Selon sa version, la jeune femme se serait échappée de son étreinte pour prendre un couteau et une lutte se serait engagée au sol, puis il a évoqué un "trou noir" alors qu'il tentait de la maîtriser et de s'emparer du couteau.

Qui est le suspect ?

L'auteur de ce féminicide, Mickaël F., a été interpellé vendredi par le Raid chez lui, à 650 mètres du domicile de la victime. Il a été mis en examen pour "meurtre par conjoint" par un juge d'instruction, puis placé en détention provisoire dimanche.

Décrit comme dépressif, avec des "addictions" à l'alcool, il s'était rendu chez son ex-compagne, franco-espagnole née en Andorre, en violation d'un contrôle judiciaire ordonné trois jours plus tôt après deux plaintes contre lui pour harcèlement et violences psychologiques. La mère de leur fillette de 4 ans l'avait quitté début janvier après dix ans de vie commune, une séparation qu'il "ne supportait manifestement pas", selon la procureure. 

A lire aussi : Féminicide à Bordeaux : l'ex-conjoint s'était caché dans l'appentis la nuit pour la surprendre

Condamné à huit reprises entre 2004 et 2009 (infractions routières et aux stupéfiants), l'ex-conjoint ne l'avait jamais été pour violences, notamment conjugales selon Frédérique Porterie.

Deux plaintes déposées

Depuis le début de l'année, Sandra P. était "traquée" et "avait tous les jours peur", selon Cécile une voisine proche. La victime avait porté plainte à la police, en janvier, puis en mars au parquet pour dénoncer le comportement "obsessionnel" de son ex-compagnon qui "rôdait autour de chez elle" et la harcelait de messages téléphoniques au sujet de leur séparation et de la garde de la fillette, selon le parquet.

Une première enquête sur une plainte du 6 janvier dénonçant "violences psychologiques" et "harcèlement téléphonique" avait été classée sous condition pour lui d'entreprendre un suivi thérapeutique et un stage pour auteurs de violences conjugales. 

Puis juste avant le drame, lundi, il avait été placé en garde à vue dans le cadre de la plainte du 30 mars. Mardi, le parquet avait décidé de le poursuivre devant le tribunal le 16 novembre pour "envois réitérés de messages malveillants (...) entre le 3 janvier et le 17 juin". Sous contrôle judiciaire, il avait alors "interdiction d'entrer en contact" avec elle et "obligation de se soigner".

Quelles ont été les réactions à ce nouveau féminicide ?

Dimanche, plusieurs centaines de personnes et des proches émus aux larmes, avec fleurs et bougies, ont rendu hommage à Sandra P., devant sa maison où elle a été poignardée à la tête et à la gorge, vendredi matin. Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic (EELV) et Catherine Fabre, députée LREM, étaient présents au rassemblement.

Plusieurs centaines de personnes ont rendu hommage à Sandra P.
Plusieurs centaines de personnes ont rendu hommage à Sandra P. AFP - MEHDI FEDOUACH

"Ce n'est pas juste, elle s'est battue (...) elle a écrit au procureur, elle a écrit de partout", a lancé en larmes, la mère de Sandra P. Annie, arrivée d'Espagne, où ils vivent. "On est resté 6 mois [chez elle] pour la protéger !".

A lire aussi : Tentative de féminicide à Toulouse : une mère de famille grièvement blessée au couteau par son compagnon

Le contrôle judiciaire dont Mickaël F. faisait l'objet a été jugé comme étant une mesure "insuffisante" par l'association Apafed qui lutte contre les violences conjugales. "Le garde des Sceaux avait annoncé le déploiement de 3.000 téléphones grand danger, je demande que ces téléphones sortent des tiroirs du tribunal", a déclaré à l'AFP sa directrice Naïma Charaï.

Nicole Blet, trésorière du planning familial de Bordeaux, estime de son côté que "les moyens sont sous-dimensionnés, en Gironde et dans toute la France", rapporte 20 Minutes Bordeaux. "Juste un exemple, en France il y a une centaine de téléphones grave danger et il y a environ 225 000 victimes de violences par an", précise-t-elle.

57e féminicide depuis le début de l'année

Il s'agirait du 57e féminicide depuis le début de l'année 2021, selon le décompte du collectif Stop Féminicides. Un drame survenu deux mois après le meurtre de Chahinez, brûlée vive par son ex-conjoint dans la commune voisine de Mérignac. 

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Les commentaires (13)
tantacle Il y a 2 années Le 05/07/2021 à 14:41

très très triste, vraiment :-(

Par contre l'histoire du téléphone d'urgence, j'en comprends bien l'utilité, mais visiblement il n'aurait pas plus servi dans le cas présent, vu que le tueur a pris par surprise son ex-conjointe. La pauvre dame, comment aurai-elle pu avoir le temps de prendre le téléphone et de faire le numéro d'urgence :-(

Sincères condoléances aux parents.

pragmatikemaipakeu Il y a 2 années Le 05/07/2021 à 14:25



"Mais que fait la police?"
Question idiote.
C'est la justice qui décide et demande à le police d'appliquer../

cortomaltese Il y a 2 années Le 05/07/2021 à 12:50

La photo nous montre une banderole avec une question : "mais que fait la Police" ?
La Police fait ce que lui demande la justice !!!