Priée d’arrêter d’allaiter à Disneyland Paris : «On m’a dit que je devais aller ailleurs»

Une mère de famille qui s’était assise sur un banc pour donner le sein à son bébé de deux mois, a dû arrêter à la demande d’agents du parc. Choquée, elle nous raconte. La direction, qui s’excuse, reconnaît une erreur.

    C’est une mauvaise publicité dont le parc d’attractions géant, qui vient de rouvrir, se serait bien passé. Ce mardi, Marlène Schiappa, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur de France, chargée de la Citoyenneté, a partagé sur les réseaux un message adressé à Disneyland Paris. « Allaiter un bébé n’est pas un délit. Que vous ayez des salles dédiées c’est bien, mais on ne décide pas où et quand un bébé va avoir faim. Ne vous mettez pas vous aussi à stigmatiser les mères, c’est assez dur comme ça partout ailleurs. Merci d’avance », tance la membre du gouvernement.

    À l’origine de ce tweet, une photo publiée par une utilisatrice du même réseau social qui se plaignait ce dimanche auprès de la direction du parc de Seine-et-Marne. « Hier (NDLR, samedi) vos agents de sécurité ont empêché une maman d’allaiter son bébé de 2 mois au motif que cela choquait la clientèle étrangère ! En France, en juillet 2021 ! Délit d’entrave à l’allaitement on en est où ? », s’irrite Marie.

    Son message commence alors à être relayé par des centaines d’utilisateurs de Twitter qui demandent des explications au parc d’attractions. Marie précise alors : « Pour information elle était Australienne, complètement choquée et a très mal vécu que la sécurité la somme de remettre la vidéo qu’elle avait faite de leur intervention ».

    Lundi soir, le parc répond, toujours sur Twitter. La direction écrit alors à plusieurs commentaires critiques sous le message de Marie pour préciser qu’il « met à disposition des mamans, le baby care center (NDLR, garderie) avec du matériel adapté et confortable comme notamment des sièges spécial allaitement ». Une réponse insatisfaisante, selon Marie. « En raison du Covid, il y a un nombre limité de places dans cette zone et parfois de l’attente », ajoute cette jeune maman originaire du Val-de-Marne.

    « Ils m’ont dit que si je ne voulais pas, je devais aller ailleurs »

    Cette Australienne, c’est Laura, 33 ans, qui vit à Paris. Contactée, elle nous explique que sa fille de neuf semaines s’est mise à pleurer. En attendant que son mari et sa fille de cinq ans finissent une attraction, elle décide de trouver un endroit pour allaiter. Malgré la jauge réduite, « il y avait beaucoup de monde. Quand j’ai trouvé ce banc, j’étais contente », détaille Laura.

    Après avoir allaité une dizaine de minutes, des agents de sécurité approchent et lui demandent de se couvrir. « On ne voyait pas grand-chose… Ils m’ont dit que si je ne voulais pas, je devais aller ailleurs. Qu’il y avait des gens d’autres cultures et d’autres religions qui peuvent me voir », se remémore-t-elle plus calmement ce mardi. Samedi dernier, face aux agents de Disney, un peu choquée, elle a eu du mal à trouver ses mots : « Mon français n’est pas encore parfait ».

    « J’ai senti que la dame était mal, qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait. Je ne l’ai pas vu allaiter mais les agents de sécurité lui répétaient en boucle que ce n’était pas autorisé par le règlement, en comparant cela au port du masque obligatoire. Cela n’a rien à voir, ça m’a énervé ! », nous confirme Marie, également psychiatre dans la vie.



    « Pour la soutenir pleinement, je me suis mis sur le banc avec elle et j’ai aussi allaité mon enfant. Les agents sont restés bouche bée. Ils ne m’ont rien dit et ne voulaient sûrement pas faire d’esclandre pour se retrouver avec un attroupement de femmes allaitantes », continue Marie. A ses côtés, Laura se met à pleurer : « La contrariété puis cette aide merveilleuse, c’était trop d’émotion pour moi », nous confie aujourd’hui la jeune maman australienne.

    Disneyland Paris reconnaît une erreur et s’excuse

    Avec son conjoint, ils ont pu faire une réclamation en quittant le parc. Le directeur de la sécurité s’est alors excusé. Disneyland a également « présenté ses excuses, après avoir repris contact avec Laura ». Au parc, on reconnaît que les agents « n’auraient pas dû dire cela, que c’est une erreur ». La petite famille devrait aussi être remboursée.

    Pour tenter d’éteindre cette polémique montante sur les réseaux sociaux, le compte Twitter officiel de Disneyland Paris avait aussi écrit, ce mardi en fin de matinée, un message d’excuse : « Nous regrettons profondément cette situation et présentons de nouveau nos sincères excuses à la maman concernée. La demande qui lui a été faite n’est pas en phase avec notre règlement intérieur et nos valeurs. Il n’y a aucune restriction sur l’allaitement à Disneyland Paris ».



    Et le parc de rappeler, une nouvelle fois, qu’il met à disposition « des parents avec jeunes enfants différents lieux de service au sein de la destination pour celles et ceux qui préféreraient un lieu dédié. Disneyland Paris est engagé à proposer un cadre accueillant et inclusif pour toutes les familles ». De son côté, Laura, dit revivre cette scène à chaque fois qu’elle allaite. « Mon cœur s’emballe dès que je dois nourrir mon enfant. Il faut qu’on arrête d’embêter les mamans », termine l’Australienne.

    La polémique a également fait réagir la députée du Val-d’Oise, Fiona Lazaar (ex-LREM), qui souhaite la création d’un délit d’entrave à l’allaitement maternel dans l’espace public, ainsi qu’une clarification de la loi signifiant sans nuance que cette pratique n’est pas une exhibition sexuelle donc une infraction. Sa proposition de loi n’a pas encore été inscrite à l’ordre du jour du Parlement.