Esther Bejarano, survivante de l’orchestre des femmes d’Auschwitz, est morte à l’âge de 96 ans

Esther Bejarano, l’une des dernières survivantes de l’orchestre des femmes d’Auschwitz et « personnalité courageuse », selon le président allemand, est morte dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 96 ans. Déportée en 1943 dans le camp d’extermination nazi, la jeune Allemande avait eu la vie sauve parce qu’elle était musicienne et joua de l’accordéon pour les prisonniers du camp de concentration.

Esther Bejarano fut recrutée comme accordéoniste alors qu’elle ne jouait que du piano

« Nous endurons une grande perte avec la mort d’Esther Bejarano », a écrit le président de la République allemande, Frank-Walter Steinmeier, dans un message de condoléances à ses enfants. « Elle restera toujours dans nos cœurs », a-t-il ajouté, saluant la mémoire d’une « personnalité courageuse qui s’est jusqu’à la fin engagée en faveur de ceux qui ont été poursuivis par le régime nazi ». Née Esther Loewy, elle est morte à Hambourg des suites « d’une brève et lourde maladie« , a confirmé le Comité-Auschwitz d’Allemagne, sans fournir de plus amples précisions.

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Née le 15 décembre 1924 à Sarrelouis, la jeune femme avait d’abord été déportée à Auschwitz en avril 1943 avant d’être transférée en novembre de la même année au camp de Ravensbrück. Esther Bejarano fut recrutée au sein de l’orchestre des femmes d’Auschwitz (que dirigeait Alma Rosé la nièce de Gustav Mahler) alors qu’elle ne savait pas jouer de l’accordéon mais seulement du piano. Avec les autres musiciennes, elle devait jouer pour les prisonniers et pour les déportés à la descente des convois. Elle raconta en 2014 à la Deutsche Welle: « Vous saviez qu’ils allaient être gazés, et tout ce que vous pouviez faire était de rester là et de jouer ».

Anita Lasker-Wallfisch, 95 ans, une des dernières musiciennes de l’orchestre des femmes d’Auschwitz, vit à Londres

Après la Guerre, Esther Bejarano avait rejoint la Palestine et vécut pendant près de 15 ans en Israël, avant de revenir en Allemagne où depuis des années, elle racontait son histoire et mettait en garde ces dernières années, contre la montée de l’extrême droite. « Pour ceux qui ont vécu ça (la déportation, ndlr), on ne peut pas décrire à quel point c’est grave », insistait-elle citant notamment le mouvement xénophobe et anti-musulmans Pegida et le parti d’extrême droite AFD. Figure très écoutée en Allemagne, elle a écrit plusieurs autobiographies, s’est consacrée au chant et à ses activités au sein du Comité international d’Auschwitz. En juin 2017, à l’occasion du Festival des Cultures Juives, Esther Bejarano avait donné un concert exceptionnel à la Cité Internationales des Arts de l’Hôtel de ville de Paris.

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Avec la violoncelliste Anita Lasker-Wallfisch, 95 ans, elle était l’une des toutes dernières musiciennes connues de l’orchestre des femmes d’Auschwitz encore en vie. Cette dernière, qui vit en Grande-Bretagne, a elle aussi témoigné à de nombreuses reprises auprès des jeunes générations des souffrances endurées dans le camp nazi situé dans la Pologne d’aujourd’hui.

Philippe Gault (avec AFP)

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