Le calvaire d’Intissar Al-Hammadi est emblématique du traitement que la rébellion houthiste au Yémen réserve aux femmes. Le 20 février, raconte le journal libanais L’Orient-Le Jour, cette jeune mannequin et actrice est arrêtée manu militari à Sanaa, la capitale du pays tenue par les rebelles houthistes pro-iraniens. Motif officiel de son arrestation : “possession de drogue” et “comportement indécent”.

En mai, elle est transférée à la prison centrale de la ville où, selon son avocat, elle aurait été insultée, traitée de “pute” et d’“esclave”, en référence à ses origines éthiopiennes. Après plus de quatre mois de détention et son transfert dans la section réservée aux prostituées, la jeune femme, dont le procès inique a commencé début juin, a tenté le 5 juillet de mettre fin à ses jours en se pendant.

“Au service de la patrie”

D’après des témoignages obtenus par le journal britannique The Independent, “les réseaux de prostitution et les violences sexuelles envers les femmes sont monnaie courante dans les prisons yéménites dirigées par les houthistes”.

À des visiteurs qui ont pu la voir en juin, la jeune détenue a expliqué que “les responsables de la prison les font passer, elle et d’autres filles, de maison en maison et les ‘forcent à boire de l’alcool et à coucher avec des gens’”.

Lorsqu’elle a accusé les houthistes de prostitution, ces derniers ont répondu que ce n’était ‘pas grave tant que [c’était] au service de la patrie’”.

Violations

Les houthistes “utilisent la contrainte, le chantage et l’intimidation pour piéger les femmes”, affirme une activiste citée par The Independent. D’ailleurs, “les houthistes ont également recours aux services d’un groupe militaire féminin professionnel, Al-Zainabiyat, pour piéger et dénoncer les femmes et les membres du gouvernement yéménite reconnus par la communauté internationale”.

Les agences de sécurité et de renseignements de la rébellion pro-iranienne “sont accusées de graves violations des droits humains, notamment de torture et de détentions arbitraires”, explique L’Orient-Le Jour.

Dans ce contexte, les autorités houthistes ont confisqué et brûlé des centaines de photos de femmes sur les emballages de produits de lingerie, jugées indécentes, rapporte le quotidien panarabe Al-Arab.