Découvrez Safe women walk Lyon, un réseau de solidarité pour la sécurité des femmes la nuit

Face au harcèlement de rue, quatre Lyonnais ont créé le groupe Safe women walk Lyon, un réseau d'entraide entre femmes pour leur permettre de rentrer en sécurité. Rencontre.

Le groupe Safe Women walk Lyon a été initié par Alexis, un étudiant 28 ans, sensibilisé aux problématiques d'harcèlement de rue. Il a été rejoint par trois jeunes Lyonnaises dans le bureau de l'association.
Alexis, Sabrina, Anabelle et Pauline sont les quatre membres fondateurs du groupe Safe Women Walk Lyon, un réseau d’entraide entre femmes lyonnaises sur Facebook. (©LD / Actu Lyon)
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Contactées par le festival des Nuits sonores pour assurer la tranquillité des fêtardes, elles ont veillé à la sortie des Usines Fagor pendant plusieurs nuits.

Elles, ce sont les bénévoles de Safe Women Walk Lyon, un groupe récemment créé pour instaurer une solidarité entre les Lyonnaises et leur permettre de rentrer en sécurité la nuit. 

Après ce premier partenariat concluant avec le festival, les quatre membres fondateurs souhaitent renouveler l’opération. Nous les avons rencontrés.  

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Contre l’harcèlement de rue

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’idée est née dans la tête d’Alexis, un étudiant en communication de 28 ans, après qu’une de ses amies proches ait connu une expérience traumatisante. « Un soir vers 22-23 heures, alors qu’elle rentrait chez elle dans le quartier Garibaldi, elle s’est fait suivre par deux gars, l’un d’eux lui a mis la main aux fesses avant de finalement la laisser tranquille. Elle a eu ultra peur », raconte-t-il. 

Choqué et sensible au harcèlement de rue, Alexis veut agir. Après quelques recherches, il tombe sur un réseau d’entraide entre femmes à Rennes et se dit « pourquoi pas en créer un similaire à Lyon ». C’est comme ça que naît le groupe Safe Women walk Lyon en octobre 2020.

Il est vite rejoint par deux de ses amies, Pauline et Anabelle, 22 ans. Très vite le bouche-à-oreille fonctionne et le groupe Facebook s’agrandit. Il est notamment rejoint par Sabrina, 24 ans, rassurée de pouvoir compter sur d’autres femmes pour rentrer le soir. « Je suis originaire de Besançon, je ne connaissais personne en arrivant à Lyon, explique-t-elle, rien que de savoir qu’il y a ce groupe, ça peut motiver certaines femmes à sortir ».

Chaque semaine quand on sort on se fait emmerder. Ce peut être un mec qui regarde bizarrement, un autre qui insulte ou qui harcèle.

PaulineMembre fondatrice du groupe Safe women walk Lyon

« On voit des trucs hard, y a des détraqués partout », poursuit Alexis. Alors contre ces agressions, la meilleure solution à leurs yeux est de « mettre en relation les Lyonnaises entre elles pour créer un réseau de filles qui s’entraident naturellement », même si « c’est triste d’avoir besoin d’un groupe comme ça », souffle le groupe d’amis. 

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Un réseau sécurisé

C'est volontairement que les jeunes bénévoles ont choisi de développer la communauté sur Facebook. "C'est le seul réseau social qui permet de trier les membres du groupe", explique Pauline. Et ce tri est absolument nécessaire : "On ne peut pas se permettre qu'un mec pervers puisse avoir accès aux adresses", poursuit Alexis le fondateur, qui est le seul homme admis sur le groupe. Pour mettre en confiance les jeunes femmes, il s'efface et ne s'occupe d'ailleurs que de la modération de la page.
Les quatre bénévoles se relaient pour trier sur le volet les nouvelles internautes : "on contrôle tous les profils pour ne pas mettre en danger les filles", assure Sabrina. Ancienneté du compte, photos, commentaires... Tout est passé au peigne fin pour être certain qu'il s'agit bien d'une femme et pas d'un faux compte. "C'était super important pour nous".

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Des trajets partagés entre femmes

Une fois intégrée au réseau, les jeunes Lyonnaises sont libres de poster des messages mentionnant leur quartier ou leur lieu de sortie. Si d’autres femmes sortent dans le même coin, elles peuvent alors se donner rendez-vous pour faire le trajet retour ensemble

À l’avenir, le groupe qui est en train de se constituer en association, aimerait mettre en place une application pour faciliter davantage l’échange et toucher un public plus jeune que celui de Facebook. Mais pour le moment, l’équipe est confrontée à un manque de compétences et de fonds pour la concevoir. Alexis lui est plus sceptique : « créer une application ça voudrait dire monétiser le service et je me vois mal faire ça ». 

En attendant qu’on leur apporte de l’aide à ce sujet, les associés sont plein d’idées pour apporter toujours plus de tranquillité aux Lyonnaises. « On aimerait bien faire des partenariats avec des bars, des restaurants où les filles pourraient se réfugier si elles ne se sentent pas en sécurité », détaille Pauline. 

Pourquoi pas aussi « aller à la sortie des boîtes ou à des événements ciblés comme les festivals lyonnais » pour mettre en relation les femmes qui souhaitent faire le retour en groupe, comme cela a pu être fait récemment à l’occasion des Nuits de Fourvière.  

Cela pourrait aussi aider les femmes alcoolisées à rentrer sereinement sans les culpabiliser

AnabelleMembre de l'association Safe women walk Lyon

La présence à ces événements est d’autant plus pertinente qu’elle permet dans le même temps d’échanger avec des hommes et de les sensibiliser sur ces sujets. « Pendant les Nuits sonores, on a pu discuter avec certains mecs qui soutenaient notre initiative, ça fait plaisir », sourit Alexis. Et Pauline de compléter : « on veut conserver la mixité pour ne pas creuser davantage le fossé entre nos deux sexes ». 

Un vaste projet qui ne leur fait pas froid aux yeux. 

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