Ils démangent, irritent la peau et restreignent les mouvements : les vêtements féminins mormons sont un enfer pour de nombreuses femmes membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, rapporte le New York Times. Sur les réseaux sociaux, des centaines de femmes demandent aujourd’hui “des tissus plus doux” et des coupes adaptées à leur morphologie. “Ces habits sont sacrés, note une internaute mormone mécontente. Mais ça reste des sous-vêtements.”

Apparus au XIXe siècle, les “vêtements du temple” mormons représentent la foi et la dévotion du croyant envers Dieu. Composés d’un tee-shirt à manches courtes et d’un short descendant jusqu’au genou, ils sont créés et fabriqués par l’Église, qui les vend à bas prix dans le monde entier. Ses membres les portent souvent jour et nuit, sous leurs habits ordinaires.

Mais cette exposition prolongée, à même la peau, pose parfois problème, assure le New York Times, qui énumère les défauts de l’ensemble vestimentaire. “Ourlets qui démangent, coutures bouffantes, ceintures qui pincent le ventre et même infections urinaires”, voilà le lot quotidien de nombreux mormons – et particulièrement des femmes.

Le tissu synthétique utilisé pour confectionner la plupart des vêtements du temple féminins est peu recommandé en cas de problèmes gynécologiques, explique Kellie Woodfield, une gynécologue mormone de l’Utah. Les options en coton sont quant à elles trop serrées pour de nombreuses morphologies. Interrogée par le journal américain, l’Église mormone n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, renvoyant à une vidéo sur l’importance de ces habits sacrés.

Des “traditions patriarcales”

Pour Kellie Woodfield, “ce débat autour des vêtements en dit long sur les luttes et les problèmes des femmes, face aux traditions patriarcales”. Grâce au mouvement #MeToo et aux réseaux sociaux, les mormones peuvent partager leurs expériences personnelles et leurs problèmes quotidiens. “Mais peu d’entre elles se sentent assez à l’aise pour parler de fluides corporels, d’infections et d’intimité sexuelle avec les chefs religieux masculins”, d’après le New York Times. Comme l’explique Lindsay Perez, un membre de l’Église mormone de 24 ans :

Les gens ont peur d’être honnêtes, de dire tout simplement : ‘Ça ne me convient pas, ces vêtements ne me rapprochent pas de Dieu, ils me donnent des infections urinaires’.”

Selon un sondage datant de 2016, seuls 14 % des mormons milléniaux considèrent qu’il est acceptable d’enlever ces habits sacrés, même s’ils provoquent un inconfort ou une irritation.