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Le Pakistan révulsé par une agression collective contre une femme

Une jeune femme qui réalisait avec des amis une vidéo pour TikTok a été brutalisée par une foule de 400 hommes dans un parc public de Lahore.

Par  (New Delhi, correspondante)

Publié le 25 août 2021 à 10h07, modifié le 26 août 2021 à 12h18

Temps de Lecture 2 min.

Des policiers escortent des hommes accusés d’avoir harcelé une femme dans un parc public de Lahore (Pakistan), le 21 août 2021.

Le Pakistan est secoué par une affaire sordide d’agression collective sur une femme qui révulse le pays et qui fait suite à une série de viols commis ces derniers mois. Les faits se sont déroulés le 14 août, jour de l’indépendance, dans un parc public de la grande cité de Lahore, non loin du minaret Minar-e-Pakistan, symbole du pays. Ils n’ont été révélés que quelques jours plus tard.

La victime a été prise à partie par une foule compacte d’hommes qui l’ont bousculée, jetée en l’air, avant de lui arracher les vêtements et de se livrer à des attouchements. Ils lui ont dérobé ses bijoux, son téléphone portable et son argent. La horde en furie l’a assaillie alors qu’elle réalisait une vidéo avec des amis, destinée à être diffusée sur le réseau social TikTok. La police qui était arrivée tardivement sur place a lancé des poursuites contre de multiples agresseurs. Quatre cents hommes auraient participé à la scène dont les images ont largement circulé sur Internet. Cette agression a libéré la parole des victimes qui témoignent sur les réseaux sociaux de leur propre histoire.

Dans son éditorial, le quotidien pakistanais Dawn dresse un sévère constat sur la situation des femmes au « pays des purs ». « Cet incident vient remuer le couteau dans la plaie profonde infligée par la misogynie qui sévit dans notre pays – la mentalité toxique qui permet les agressions répétées, le blâme des victimes. » Le journal demande aux responsables publics de s’emparer de cette affaire pour mener un travail de fond, condamner inlassablement les violences contre les femmes et affirmer leurs droits.

Des plaintes qui aboutissent rarement

On en est très loin. Le Pakistan se situe, en matière d’inégalités de genre, au 151e rang selon le Forum économique mondial. Il est l’un des plus dangereux sur le plan de la sécurité des femmes. Le premier ministre, qui a demandé à la police d’arrêter les accusés, avait lui-même, il y a quelques semaines, semé le trouble par ses propos au sujet d’une série de viols commis ces derniers mois. Lors d’une interview télévisée, le 20 juin, Imran Khan avait sous-entendu qu’ils étaient liés à la façon dont les femmes s’habillent. « Si une femme porte très peu de vêtements, cela aura un impact sur l’homme, à moins que ce ne soit des robots. C’est le bon sens », avait-il affirmé.

Ses déclarations avaient indigné les associations féministes et des droits humains. Le 24 juin, lors d’une conférence de presse commune, 16 organisations avaient demandé des excuses publiques. Elles avaient rappelé combien les victimes d’abus sexuels sont souvent considérées au Pakistan avec suspicion comme des victimes « averties », coupables de tenter les hommes. Les plaintes pénales aboutissent rarement.

Maria Amir, ancienne journaliste et étudiante chercheuse au département d’études mondiales sur le genre et la sexualité à l’université de Buffalo aux Etats-Unis, souligne que « le Pakistan est loin d’être le seul pays où de telles violences se produisent, mais c’est l’un des rares pays où la société et l’appareil d’Etat offrent aux auteurs de violences contre les femmes pléthore de garanties et d’excuses ».

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