Wangari Maathai : les combats de "la femme arbre"
Prix Nobel de la Paix 2004, cette femme hors du commun a réussi à unir protection de l’environnement, féminisme et lutte contre la pauvreté.
La photographe Micheline Pelletier a saisi Wangari Maathai au coeur de la cause à laquelle elle s’est vouée corps et âme: la forêt du Kenya. Née en 1940 dans une famille de fermiers du tribu kikuyu, aînée de six frères et soeurs, Wangari s’est forgé de toutes pièces un incroyable destin qu’elle a mis entièrement au service des autres, les femmes en premier lieu, et de la nature.
Bachelière à 19 ans, c’est une bourse de l’African-American Students Foundation qui lui permet de suivre des études aux Etats-Unis, puis de devenir en 1964, la première femme d'Afrique de l'Est à obtenir à l’université de Nairobi une licence en biologie. En 1977, elle a depuis longtemps pris conscience que l’immense forêt kenyane se réduit comme peau de chagrin sous les coups des bûcherons et de l’extension des terres arables.
Elle avait compris que la destruction de l’environnement, les conflits et la pauvreté sont inextricablement liés
Et pour Wangari Maathai, les femmes sont les mieux placées pour enrayer cette destruction annoncée. Au Kenya, dans les années 70, ce sont elles qui sont chargées de la collecte du bois mais la déforestation les oblige à parcourir des distances de plus en plus grandes. Jusqu’à l’épuisement. Wangari sème alors les graines de ce qu’elle nomme le Green Belt Movement, le mouvement de la ceinture verte. Elle choisit international le Jour de la Terre pour planter avec d’autres femmes convaincues par son projet, sept arbres. Trois décennies plus tard, ils seront trente millions. Sa ceinture verte est devenue une réalité au Kenya ainsi qu’un modèle de reboisement qui s’exporte partout dans le monde et se traduit par des milliards d’arbres plantés.
Décédée en 2011, sept ans après avoir reçu le Prix Nobel de la Paix, celle que l’on avait surnommée la femme arbre avait compris avant beaucoup d’autres que la destruction de l’environnement, les conflits et la pauvreté sont inextricablement liés : «Un pauvre abattra forcément le dernier arbre pour préparer son dernier repas. Mais plus vous détruisez l’environnement, plus vous vous enfoncez dans la pauvreté» disait-elle pour résumer ce cercle vicieux qu’elle est parvenue en partie à briser.
Exposition "Murs, entre guerre et paix", du 30 septembre au 30 novembre 2021, en partenariat avec la Région Normandie
Parc de l'Abbaye aux Dames, à Caen
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