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Interview

« La charge mentale des entrepreneuses est trop lourde »

Consultante et business coach, Morgane Février est l'auteur du livre «Entreprendre au Féminin» qui cherche à comprendre leurs doutes et les méthodes qui les ont menées vers le succès. Selon elle, les femmes ne doivent pas hésiter à se mettre en avant, à faire savoir ce qu'elles veulent, mais elles doivent surtout être à l'aise avec l'argent et le pouvoir.

Consultante et business coach, Morgane Février est l'auteur du livre « Entreprendre au Féminin ».
Consultante et business coach, Morgane Février est l'auteur du livre « Entreprendre au Féminin ». (DR)
Publié le 17 sept. 2021 à 07:00

Quelles sont les clefs de l'entrepreneuriat au féminin ?

Il y en a deux principales. La première clé de la réussite entrepreneuriale est la confiance en soi . Les femmes doivent accepter leur image, oser se montrer en vidéo, sur les réseaux sociaux, dire qu'elles ont des compétences, des expertises. Le deuxième facteur de réussite, c'est être à l'aise avec l'argent . Au cours de ma carrière, je me suis aperçue que les femmes sont allergiques au risque. Ce manque de confiance est dû notamment au poids de l'histoire.

Cela fait un peu plus de 50 ans que nous pouvons disposer d'un compte bancaire à notre nom. Les femmes n'ont pas toujours géré leur budget et entretiennent donc un rapport distant avec l'argent, qui peut constituer un vrai frein pour le développement de leur entreprise. Ce désintérêt féminin pour l'argent, les levées de fonds et leur fonctionnement, est entretenu par les réseaux et les fonds en capital-risque, qui restent des univers très masculins. Les hommes aiment bien se privilégier entre eux. Les femmes ont ainsi l'impression qu'elles ne savent pas faire, ce qui impacte dès le début leur envie d'aller plus loin et de créer de l'emploi. Elles envisagent d'ailleurs plus souvent de lancer leur entreprise dans l'optique d'aider des gens. Des projets où l'argent, il faut le dire, n'est pas moteur.

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Vous avez rencontré plus de 50 dirigeantes pour bâtir votre ouvrage « Entreprendre au Féminin ». Qu'avez-vous appris de toutes ces rencontres sur les travers de la psychologie féminine ?

Dans le livre, chaque femme décrit son histoire, et prodigue des conseils. Ce qui m'a réellement surpris, c'est qu'il a fallu la plupart du temps un élément déclencheur pour se lancer dans la création d'une entreprise, souvent un drame, un burn-out , un divorce. Elles ont dû vivre quelque chose de douloureux pour accepter de changer de vie, et oser se dire qu'elles peuvent y parvenir. L'entrepreneuriat est trop souvent une seconde étape de la vie professionnelle des femmes.

Comment contourner ces peurs ?

Inconsciemment, les femmes pensent qu'elles sont obligées de sacrifier leur vie de famille, qu'elles sont responsables de leur foyer. Cette charge mentale est encore lourde. Il faut donc comprendre et accepter que le conjoint ou la conjointe puisse être aussi responsable de la famille, et ainsi se reposer sur son entourage pour arriver à lâcher prise.

Mon deuxième conseil serait de croire en son projet pour convaincre et captiver les autres. On ne peut pas changer du jour au lendemain. Petit à petit, il faut oser faire des choses. Lorsqu'on se lance dans un projet qui nous tient à coeur, on peut très facilement réussir et grandir.

La crise du coronavirus a-t-elle changé quelque chose ?

Clairement. Elle a provoqué chez certaines femmes un déclic, une envie de changement. J'ai eu en 2020 beaucoup plus de demandes d'accompagnement. Lorsque les personnes se sont retrouvées seules, contraintes de rester chez elles, elles ont pris le temps de réfléchir sur le sens de leurs vies, de s'interroger sur leurs métiers.

Beaucoup de femmes ont pris à ce moment précis conscience de la nécessité de se lancer dans de nouveaux business plus créatifs, innovants, porteurs de sens, sur l'écologie notamment. Les dirigeantes se posent les bonnes questions sur les filières de production du maquillage, de la nourriture. Tout cela est positif.

La crise sanitaire a aussi révélé la nécessité de ne plus avoir peur du digital. Il est possible de se battre face à des géants tel Amazon. Le digital a permis à une multiplicité d'entrepreneurs de gagner en visibilité, de créer de véritables connexions avec ses clients tout en restant humain et authentique. Dans le domaine de la Tech, seules 10 % des femmes sont à la tête d'entreprises innovantes. Les choses avancent, mais il y a donc encore de gros progrès à faire.

Mallory Lalanne

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