Début septembre, l’application de chauffeurs privés Bolt a lancé une option “women only” au Kenya, permettant à ses utilisatrices de réserver une course assurée par une conductrice féminine. Sarah Maranga, 34 ans, fait partie des femmes qui auraient été séduites par le système, raconte The Washington Post :

Parmi ses amis, les histoires de mauvaises rencontres avec des chauffeurs sont un sujet de discussion fréquent. Et régulièrement, des chauffeurs l’appellent ou lui envoient des messages après une course, confondant apparemment sa gentillesse avec du flirt.”

Mais dès le lancement de l’application, le 7 septembre, les internautes s’emparent de la Toile pour dénoncer une injustice : les courses féminines sont “facturées au moins un dollar plus cher que les courses classiques, parfois davantage selon la destination de l’utilisateur”, relève le site IT News Africa, spécialisé dans l’actualité des nouvelles technologies.

“Pink tax”

Certains comparent la différence de prix à une “pink tax”, un phénomène qui consiste à facturer davantage certains produits destinés aux femmes, note le Washington Post. “Pourquoi devrions-nous payer plus cher pour ne pas être agressées, abusées ou que sais-je ?” estime Malaika Cheyne, une étudiante kényane âgée de 20 ans. D’autres, souligne IT News Africa, assurent que “l’offre proposée par Bolt Kenya revient à admettre que le service a un problème”.

Quelques jours avant le lancement de l’option sur Twitter, une utilisatrice avait accusé un chauffeur d’agression, photos de ses blessures à l’appui. Dans un communiqué, la compagnie avait “condamné toute forme de violence à l’encontre des passagers ou des chauffeurs”, tout en relayant la version du chauffeur, qui assure avoir été agressé parce qu’il refusait de prendre en charge neufs passagers.

Interrogé par le Washington Post, Bolt assure que le service n’a rien à voir avec l’incident. La compagnie a en revanche admis que le coût de l’option semblait “légèrement élevé”, remarque un article de la BBC repris par la chane sud-africaine SABC. Une différence qui s’explique par le modèle de facturation de Bolt, fondé sur les fluctuations de l’offre et de la demande, explique un responsable à la BBC :

Dans la pratique, cela signifie que nous augmentons les prix quand il y a plus de clients que ce que peuvent gérer nos chauffeurs.”

Au Kenya, seulement 5 % des chauffeurs de la compagnie sont des femmes.