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En Irlande, un documentaire pointe les violences à l’encontre des femmes au sein de l’armée

Quatre ans après le début du mouvement MeToo, c’est au tour des armées de faire leur introspection. Le #militarymetoo a débuté au Canada, en mai. En Irlande, la station radio publique RTÉ vient de diffuser un documentaire intitulé Women of Honour, Femmes d’Honneur. Le documentaire évoque une atmosphère misogyne au sein des forces armées irlandaises.

En Irlande, la station radio publique RTÉ vient de diffuser un documentaire qui évoque une atmosphère misogyne au sein des forces armées irlandaises (photo d'illustration).
En Irlande, la station radio publique RTÉ vient de diffuser un documentaire qui évoque une atmosphère misogyne au sein des forces armées irlandaises (photo d'illustration). AP - Peter Morrison
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De notre correspondante à Dublin,

Le documentaire diffusé à la radio évoque une atmosphère misogyne au sein des forces armées irlandaises. Une dizaine de femmes témoignent au micro de la journaliste Katie Hannon, sans cacher leur identité, des femmes toujours sous les drapeaux ou ayant quitté les rangs à cause de ce qu’elles ont subi.

Il y a Carina qu’un soldat a attouchée pendant un entraînement de natation, sous les rires du reste de la caserne. Ciara, engagée dans la Marine, dont la porte de cabine a été forcée par deux autres militaires, quasi-nus. Colette, que son chef a tenté de violer dans sa chambre. Les remarques sexistes, les promotions refusées, les interdits incompréhensibles, comme le port de tampons ou de culottes en dentelle.

Au-delà de ces faits graves, d’agression et de harcèlement sexuels, ces femmes racontent l’inaction de la hiérarchie, le refus de prendre en compte les signalements, pour ne pas briser la carrière des homologues masculins. Certaines ont d’ailleurs été maintenues sur le même bateau ou dans la même caserne que leurs agresseurs. 

Peu d'avancées malgré l'existence d'une charte

Quatre ans après #MeToo, ces témoignages semblent presque banals. À ceci près : malgré le mouvement féministe, rien n’a changé dans l’armée irlandaise. L’armée a admis qu’elle était déjà informée de ces cas. Dès l’année 2001, le capitaine Tom Clonan publiait une thèse sur la discrimination et la violence systémique à l’encontre des femmes au sein de l’armée – celles-ci représentent 7% des engagés.  Parmi les faits relatés dans le documentaire, certains datent des années 1980, au tout début de l’ouverture de l’armée aux femmes, mais d’autres sont beaucoup plus récents. 

Depuis, certaines discriminations ont été levées, par exemple l’interdiction faite aux femmes de défiler lors des cérémonies ou celle de piloter un avion. Mais l’ancien capitaine, aujourd’hui enseignant à l’université, continue de recevoir des dizaines de témoignages. Malgré l’élaboration d’une charte, que doivent signer tous les militaires où ils s’engagent à respecter tous leurs collègues, quel que soit leur genre ou leur orientation sexuelle. 

Une commission d'enquête mise en place

Le documentaire n’a pas eu un retentissement énorme dans la société, dépassée par les discussions autour du budget 2022 qui sera dévoilé le mois prochain. Les Women of Honour ont tout de même reçu le soutien de plusieurs élus de l’opposition et d’autres militaires féminines, britanniques en particulier. Deux jours après la diffusion du documentaire, le ministre de la Défense, Simon Coveney, a annoncé la formation d’une commission d’enquête indépendante pour tirer au clair les accusations du documentaire.

Le groupe de victimes estime que cela ne va pas assez loin, qu’il faut prendre des mesures structurelles pour changer la culture dans l’armée. Les Women of Honour doivent rencontrer le ministre dans la semaine pour présenter leurs recommandations. 

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