Droguée par son mari, puis livrée et violée par de nombreux hommes... c'est le calvaire qu'a enduré une sexagénaire dans le sud-est de la France. L'affaire, révélée par Le Parisien, a nécessité des mois d'enquête avant que les policiers n'arrêtent neuf autres hommes suspectés de viol, ce mardi 28 septembre. 

L'affaire remonte à fin 2020. Depuis, 32 hommes, dont le mari de 68 ans, ont déjà été écroués. Ils sont originaires du Vaucluse, de la Drôme, du Gard ou encore des Bouches-du-Rhône. 

32 hommes écroués

Les agissements du sexagénaire sur son épouse ont pu être découverts grâce à une première interpellation. En septembre 2020, l'homme est arrêté pour avoir filmé sous les jupes de femmes dans les rayons d'un supermarché de Carpentras (Vaucluse). Trois plaintes sont déposées contre lui, mais l'accusé plaide un "dérapage isolé" selon Le Parisien. Même s'il est relâché, une perquisition est menée à son domicile. Caméscope, appareil photo, ordinateur, téléphones portables et divers supports informatiques sont saisis par la police.

Mais les policiers ne se doutent pas de la tournure que va prendre cette affaire. Dans ces appareils électroniques, ils découvrent des dizaines de films montrant son épouse inconsciente, violée tour à tour par différents hommes

C’est son monde qui s’effondre ce jour-là. Comment soupçonner une telle face sombre, une telle duplicité chez cet homme avec qui elle était en couple depuis près de 50 ans ?

Vidéo du jour

Des images que la victime découvre elle aussi. Un calvaire dont elle n'avait pas conscience et qu'elle a subi, à son insu, pendant des années, chez elle. "Un cataclysme, résume son avocate Caty Richard. C’est son monde qui s’effondre ce jour-là. Comment soupçonner une telle face sombre, une telle duplicité chez cet homme avec qui elle était en couple depuis près de 50 ans ? C’est tout simplement inimaginable", cite Le Parisien.

Le mari, placé en garde à vue le 2 novembre 2020, est depuis écroué et mis en examen pour viols aggravés, agressions sexuelles et administration de substances nuisibles

Droguée et violée à son insu depuis 2013

Comme le résume Le Parisien, la sexagénaire aurait été droguée par son mari, qui lui glissait, dans ses boissons ou sa nourriture, de fortes doses de tranquillisants à base de benzodiazépine. Ces produits ont la vertu d'être "relaxant" et ne laissent aucune séquelle physique. L'épouse s'était pourtant plainte de maux de tête, d'insomnies et de trous noirs, mais aussi, de problèmes de sommeil, d'absences et de propos incohérents, rappelle Le Parisien. Elle avait consulté trois neurologues.

Une fois l'épouse droguée et inconsciente, son mari aurait fait venir chez eux des hommes, recrutés sur Internet. Un coup derrière la caméra, une autre fois participant aux viols pour "montrer la voie", selon Me Louis-Alain Lemaire (avocat de plusieurs auteurs présumés), le mari assure qu'ils savaient tous que son épouse était inconsciente. 

Les policiers du SRPJ de Montpellier, ont dénombré au total pas moins d’une cinquantaine d’auteurs présumés, pour des faits commis depuis 2013.

Des "Monsieur-tout-le-monde"

"Il s’agit d’une affaire hors norme, tant par le mode opératoire que le grand nombre d’auteurs présumés, relève une source proche du dossier. Ce qui est très frappant, c’est qu’ils ont le profil de Monsieur-tout-le-monde, ils pourraient être nos voisins". Ils sont pompier, surveillant pénitentiaire, journaliste dans un quotidien régional, révèle Le Parisien, des hommes de tous âges et de tous milieux sociaux. Le majorité était inconnus du fichier des délinquants sexuelles (Fijais).

Si le mari de la femme violée affirme que tous étaient au courant de la situation (qu'elle était droguée et inconsciente), certains des suspects plaident l'avoir ignoré. Certains assurent avoir pensé que le couple était échangiste et qu'ils ne savaient pas que la femme était endormie. "Quelques-uns ont pensé à un jeu sexuel et cru que la femme simulait", explique Me Louis-Alain Lemaire. Pourtant, un protocole précis aurait été mis en place pour éviter que la victime droguée ne se réveille. 

Selon une expertise psychiatrique, le suspect de 68 ans souffrirait d’une déviance sexuelle axée sur le voyeurisme. Il a aussi été révélé que le sexagénaire aurait capturé des images de plusieurs membres de sa famille sortant de la douche, grâce à des caméras cachées dans sa maison. Contactée par nos confrères, l'avocate du mari écroué, Me Béatrice Zavarro, n'a pas répondu.

Alerter les professionnels de santé

L'enquête se poursuit afin de déterminer si certains suspects auraient infligé le même sort à leur propre épouse. Certaines épouses ont néanmoins refusé de passer les expertises et soutiennent leur compagnon respectif.

L'avocate de la victime, Me Caty Richard, souhaite que cette affaire serve aussi de prise de conscience aux professionnels de la santé : "[...] Ces symptômes doivent les alerter et orienter vers un possible diagnostic de soumission chimique".