Nancy. Des jeunes femmes victimes de GHB ? La réponse de la directrice de la police fait débat

Le sujet de la drogue du violeur qui circulerait dans des boîtes de nuit de Nancy s'est invité au conseil municipal. La réponse de la directrice de la police nationale fait débat.

La drogue du violeur fait-elle des victimes dans les discothèques de Nancy ?
La drogue du violeur fait-elle des victimes dans les discothèques de Nancy ? (©Adobe Stock)
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La drogue du violeur, le GHB, est-elle en train de toucher de plus en plus de jeunes femmes dans les bars et discothèques ? Le sujet fait l’objet d’inquiétudes à Nancy depuis le témoignage de jeunes femmes sur les réseaux sociaux et des dépôts de plaintes.

Le sujet s’est forcément invité au conseil municipal de ce lundi 27 septembre 2021 où préfet et directrice de la police nationale étaient invités.

La réponse de la police nationale fait débat

Lætitia Philippon la nouvelle directrice départementale de la police nationale (DDSP) de Meurthe-et-Moselle, interpellée par les élus notamment le maire de Nancy Mathieu Klein, s’est exprimée sur le sujet. Une première réponse qui a fait débat.

Concernant les femmes victimes de GHB , je vais peut être être un peu dure mais je n'ai jamais vu une femme "victime" dans ma carrière de GHB qui buvait de la Badoit ou du Coca. C'est-à-dire que c'est toujours une question d'alcool à la base. Ce sont des affaires qui sont très dures à faire ressortir. Il est très rare que l'on trouve dans les prises de sang des traces de cette drogue. Est-ce que cela a été une réalité ou pas ? On ne le saura jamais. Ce qui est en cause rarement c'est l'alcoolisation et dans ce cas on a le risque de voir mettre dans son verre quelque chose qui va annihiler sa vigilance. C'est un fait, c'est une réalité, c'est lié à l'alcool. Nous avons des enquêtes qui sont engagées sur les derniers faits.

Lætitia Philippon, directrice départementale de la police nationale (DDSP) de Meurthe-et-Moselle

C’est « peu fréquent » mais « nous le prenons au sérieux ». « C’est d’abord la vigilance de tout à chacun qui empêche des faits et il ne faut pas toujours s’imaginer que c’est le GHB ». Elle a aussi pointé devant les élus municipaux des « affaires complexes » qui donnent « lieu systématiquement à des enquêtes pour voir si cela correspond à une réalité ».

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« Il ne faut pas affoler tout le monde »

Le maire a répliqué à la directrice de la police nationale : « nous n’entendons pas faire porter la responsabilité sur des femmes qui boiraient un verre en boîte de nuit  la responsabilité d’être chasées par des prédateurs sexuels ».

Elle a ensuite dû revenir sur ses propos, regrettant s’être « mal exprimée ». « Il ne faut pas hurler au GHB quand on a dérapé avec l’alcool. Nous prenons ces affaires très au sérieux (…) mais quand je vois sur les réseaux sociaux qu’on affole tout le monde avec du GHB, attention, ne mélangeons pas tout. Il ne faut pas affoler tout le monde quand on n’a pas de certitude. Le problème de fond au départ c’est l’alcoolisation ». 

Lætitia Philippon la nouvelle directrice départementale de la police nationale (DDSP) de Meurthe-et-Moselle
Lætitia Philippon la nouvelle directrice départementale de la police nationale (DDSP) de Meurthe-et-Moselle (©Capture vidéo)

« Il est difficilement entendable qu’une femme puisse porter une responsabilité »

Plusieurs élus sont montés au créneau pour faire part de leur opposition. « Il est difficilement entendable qu’une femme puisse porter une responsabilité (…) il est difficilement entendable qu’il y ait partage de responsabilité. Le problème de fond ce n’est pas l’alcool mais les agresseurs », a lancé Bora Yilmaz (PCF). 

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« Je me joins à mes collègues qui ont pu recadrer le débat autour de la responsabilité (des femmes) », a ajouté le conseiller municipal Charles Thomassin. « Il ne faut pas tout mettre sur le compte de l’alcool », dit le conseiller en charge de la vie étudiante.

Au moins deux plaintes, des enquêtes ouvertes

Interrogée par Lorraine Actu en marge du conseil municipal, la patronne de la police nationale est revenue sur ses propos assurant qu’ils ont pu être « maladroits ».

Elle a assuré qu’au moins deux plaintes de jeunes femmes sont enregistrées à Nancy et que des enquêtes sont ouvertes. « Il faut certifier que c’est du GHB, cela peut être un tout autre produit comme un alcool non identifié ». 

Il ne faut pas créer ou développer un phénomène de psychose de jeunes femmes qui vont en boite de nuit. Ce phénomène de substances que l'on glisse dans un verre pour pouvoir agresser est extrêmement rare. Par contre ce qui est fréquent c'est de retrouver des hommes et des femmes alcoolisées qui se retrouvent isolés à un moment donné et qui sont dans une situation à risque. Le phénomène du GHB existe mais il faut l'identifier de façon très précise. Nous n'en avons pas la certitude ici à Nancy.

Lætitia Philippon, directrice départementale de la police nationale (DDSP) de Meurthe-et-Moselle

La responsable de la police insiste : les deux plaintes enregistrées à Nancy ne concernent pas d’agression sexuelle ou de viol.

Cette dernière craint le phénomène de la « légende urbaine » tant que les faits ne sont pas confirmés.

Deux étudiantes nantaises ont pour projet de créer et commercialiser un
Des étudiantes ont déposé une plainte. Elles assurent qu’elles ont été victimes de GHB. (©Illustration / Adobe Stock)

Une réunion avec les bars et discothèques mercredi

En attendant l’avancée des enquêtes, une réunion est organisée ce mercredi entre des élus de la ville et les professionnels de la nuit. 

Dans une ville qui compte 50 000 étudiants, le sujet est pris très au sérieux. « Il ne faut pas que notre ville devienne un lieu où des pratiques de personnes mal intentionnées progressent à bas bruit », conclut Charles Thomassin.

Le préfet de Meurthe-et-Moselle Arnaud Cochet quant à lui a apporté son « soutien » aux gérants de discothèques « qui n’ont pas un métier facile ». Il a assuré qu’ils étaient « très surveillés » et pratiquent une « forte sélection » aux entrées.

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