Contraception : la pilule passe-t-elle toujours chez les femmes ?

  • Les femmes s'interrogent sur la méthode contraceptive qui leur convient le mieux.
    Les femmes s'interrogent sur la méthode contraceptive qui leur convient le mieux. Unsplash - Reproductive Health Supplies Coalition
Publié le

l'essentiel Le ministre de la Santé, Olivier Véran a annoncé la gratuité, à compter du 1er janvier 2022, des principaux moyens de contraception pour les jeunes femmes de moins de 25 ans. 

"C'est décidé, j'arrête la pilule". Cette phrase, de plus en plus de jeunes femmes la prononcent ces dernières années. Et les chiffres semblent en attester : les contraceptifs oraux sont en recul de 12 % depuis dix ans, d'après l'ANSM. Une prise quotidienne trop contraignante, perte de libido, la crainte d'un oubli et de ses conséquences... Les raisons varient d'une femme à l'autre, mais pour beaucoup, la pilule ne représente plus la libération qu'elle a été à la fin des années 1960. Au contraire, la libération, c'est de choisir la méthode qui convient le mieux.

C'est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé en septembre l'extension de la gratuité de la contraception jusqu'à 25 ans à partir du 1er janvier 2022. Une mesure qui vise à permettre aux 3 millions de jeunes femmes concernées d'accéder à la contraception sans frein financier, qui est, selon le ministre de la Santé, Olivier Véran, "le premier motif" qui expliquerait "un recul de la contraception".

Les bénéficiaires pourront donc obtenir une pilule hormonale de 1re ou 2e génération, un implant contraceptif hormonal, un dispositif intra-utérin et une contraception d'urgence hormonale gratuitement. D'autres méthodes, comme les préservatifs, les patchs ou les anneaux vaginaux, ne sont pas concernées par la mesure. Le gouvernement souhaite également garantir la gratuité de l'accès à des consultations de médecin ou de sage-femme, ainsi qu'à actes médicaux en lien avec la contraception.

La nécessité de l'information

Si cette annonce est saluée sur le terrain, elle doit s'accompagner de suffisamment d'information et de prévention. Pour Laura Marin-Marin, médecin généraliste et membre du bureau de l'Association nationale des centres d'IVG et de contraception, "l'éducation à la santé sexuelle n'est pas suffisante". Selon elle, il y a encore des choses à déconstruire comme le retour de la fertilité après l'utilisation d'une contraception ou encore le mode d'action des hormones que contiennent les pilules. Et ce, dix ans après le scandale des pilules de 3e et 4e générations qui ont provoqué des embolies pulmonaires, voire des AVC chez certaines patientes. 

Des questionnements "positifs", selon elle, étant donné que "la 'norme' contraceptive de préservatif, puis pilule, puis dispositif intra-utérin ne convient clairement pas à tout le monde". Elle explique qu'on observe que les usagères de la pilule se tournent vers d'autres contraceptifs, même si la pilule reste toujours majoritaire.

La médecin souligne par ailleurs que la gratuité déjà en place pour les moins de 18 ans se heurte parfois à des freins de terrain, notamment dans les pharmacies où les professionnels ne connaissent parfois pas les paramétrages spécifiques qui sont nécessaires et ne peuvent ainsi pas délivrer le contraceptif gratuitement malgré l'ordonnance de la patiente.

"Un choix éclairé"

Isaline, elle, a choisi d'abandonner la pilule après dix ans d'utilisation pour un dispositif intra utérin en cuivre. "Ces dernières années j'ai pris du poids et en consultant mon médecin on a compris que les hormones de la pilule, même si elles n'étaient pas à l'origine de la prise de poids, m'empêchaient de le perdre", raconte cette assistante juridique de 28 ans.

La Toulousaine explique que sans ce constat, elle aurait "sans doute continué la pilule". "Il n'y a pas de méthode parfaite, chacune présente des avantages et des inconvénients, il faut s'informer pour faire un choix éclairé et trouver ce qui nous convient le mieux", conclut-elle.

"De plus en plus d'hommes s'intéressent à la contraception"

La médecin Laura Marin-Marin, membre du bureau de l'Association nationale des centres d'IVG et de contraception, constate que "de plus en plus d'hommes s'intéressent à la contraception". Soit en prenant part aux rendez-vous et au suivi médical de leur partenaire et en participant au choix de la méthode, soit en se demandant ce qu'eux-mêmes peuvent faire.

"Des patients me demandent souvent où on en est de la pilule masculine et d'autres méthodes. On sent que cela intéresse, même si pour l'heure ces méthodes ne sont pas encore officilellement reconnues par les institutions françaises, des techniques hormonales ou thermiques sont pourtant validées par l'OMS", explique-t-elle. 

"Un tel intérêt est une très bonne chose et cela montre qu'il y a des choses à faire sur ce sujet !"

 

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?