La moitié des Français de l’étranger sont des Françaises de l’étranger. En effet, les femmes, minoritaires autrefois parmi les expatriés, sont maintenant nombreuses à partir vivre à l’étranger, et pas seulement en tant que conjointe, soulignait Laurence Haguenauer, directrice des Français à l’étranger et de l’administration consulaire, lors de l’édition 2021 du Forum Expat.

Le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous leur consacrions notre Lettre des expats. Léane Burtier y mettait en avant les destinations les plus prisées (car plus sûres et inclusives) par les femmes ainsi que des ressources spécifiques sur la santé, le travail et la vie associative. Récemment, un nouvel index a répertorié 100 villes en fonction de 16 critères, dont l’égalité femmes-hommes et le traitement des minorités. Reykjavík arrive en premier et obtient la palme de la ville la moins stressante du monde. La capitale islandaise est suivie de Berne en Suisse, d’Helsinki en Finlande, de Wellington en Nouvelle-Zélande et de Melbourne en Australie. Montevideo, en Uruguay, est la première ville non occidentale du classement, en 16e position.

Lucie Azema, qui a tenu un blog sur l’Inde puis un autre sur l’Iran pour Courrier Expat pendant plusieurs années, vient de publier Les femmes aussi sont du voyage, aux éditions Flammarion. Elle explique que

les femmes voyageuses ne sont pas des exceptions. Mais il ne faut pas non plus tomber dans l’écueil qui consisterait à dire qu’elles voyagent autant que les hommes, car c’est faux. Et ce pour une raison très simple : pendant longtemps en France et dans de nombreux pays encore aujourd’hui, elles ne pouvaient pas gérer leur propre argent, étaient moins éduquées, se heurtaient à des interdictions légales de détenir un passeport à leur nom, etc. Aujourd’hui, on dissuade beaucoup plus les femmes que les hommes de partir à l’aventure, cela se matérialise par des mises en garde liées à la sécurité. Les femmes doivent faire exploser des murs beaucoup plus nombreux pour réussir à partir. Mais quand elles y parviennent, c’est une incroyable liberté qui les attend.”

Susan Shaw, qui enseigne l’histoire et le féminisme à l’université d’État de l’Oregon, aux États-Unis, partage cet avis. Depuis plusieurs années, elle a mis sur pied un programme d’enseignement à Londres, où ses étudiantes (ce sont principalement des jeunes femmes) vont passer plusieurs semaines. Dans Ms. Magazine, elle explique que partir faire ses études à l’étranger quand on est féministe permet de décentrer son regard et de se confronter à des témoignages de personnes en face de soi, tout en interrogeant le croisement de différents types de domination. Et cela permettrait, à en croire Susan Shaw, d’être ensuite mieux armé pour faire face au monde.

Des exemples de femmes inspirantes

La presse internationale regorge de témoignages et de portraits de femmes qui ont sauté le pas. Der Spiegel évoque par exemple le cas de Gesa Neitzel. Il y a six ans, cette jeune Allemande était journaliste à la télévision à Berlin et n’avait jamais mis les pieds en Afrique. Un jour, elle décide de tout plaquer et de suivre une formation de garde forestier et devient ensuite ranger en Afrique du Sud. Aujourd’hui, elle a écrit un récit autobiographique, un livre de cuisine et un roman, compte plus de 30 000 abonnés sur Instagram, prépare un livre pour enfants, habite en Australie et est ambassadrice du Fonds international pour la protection des animaux.

À Londres, The Times ne cache pas sa fascination pour Sophie Grigson, une chef reconnue au Royaume-Uni. Âgée de 60 ans, veuve et avec des enfants adultes, elle a décidé de partir s’installer dans le sud de l’Italie en 2019. Elle y a noué des amitiés, a fait des expériences magiques et a affronté le Covid seule. C’est aussi seule que Shubnum Khan a pris la route. À New Delhi, Mint salut le dernier livre de cette autrice indienne née en Afrique du Sud. Elle y raconte ses voyages en Turquie, au Maroc, en Inde, en Chine et en Corée. Une expérience marquante, libératrice, et parfois effrayante quand on est seule, musulmane et racisée.

Vous aussi vous avez franchi le pas pour partir vivre à l’étranger ? Étiez-vous seule ? Étudiante, retraitée ? Comment vos proches ont-ils réagi ? Que vous a apporté cette expérience ? Qu’auriez-vous aimé savoir avant de partir ? Racontez-nous votre parcours en écrivant à expat@courrierinternational.com et nous partagerons votre témoignage !