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Société

Seine-Saint-Denis: une marche blanche en mémoire d'une femme tuée par son ex-compagnon

Une marche blanche en mémoire de Bouchra Bouali, tuée par son ex-compagnon, à Épinay-sur-Seine, le 8 décembre 2021

Une marche blanche en mémoire de Bouchra Bouali, tuée par son ex-compagnon, à Épinay-sur-Seine, le 8 décembre 2021 - AFP

Deux semaines après la mort de Bouchra Bouali, tuée par son ex-compagnon tout juste sorti de prison, une marche blanche était organisée à Épinay-sur-Seine. Certains dénoncent un dysfonctionnement de la justice dans cette affaire.

Une centaine de personnes ont marché jeudi à Épinay-sur-Seine à la mémoire d'une femme tuée il y a deux semaines dans cette ville de Seine-Saint-Denis par son ex-compagnon, tout juste sorti de prison.

Bouchra Bouali, 44 ans, avait été poignardée à mort le 26 novembre devant chez elle alors qu'elle rentrait de faire ses courses. Son ex-conjoint, qui s'était rendu de lui-même à la police, a été mis en examen pour "meurtre par conjoint" et placé en détention provisoire.

En souvenir de cette mère de deux enfants, des élus locaux, militants et proches de la victime ont tenu une marche blanche jeudi soir dans les rues d'Épinay-sur-Seine, sans pancarte ni slogan. Pendant une petite heure, le cortège est allé de la tour au pied de laquelle Bouchra avait été poignardée jusqu'à la mairie de la commune de 55.000 habitants. La manifestation s'est conclue par une minute de silence.

"C'est un hommage pour permettre que d'autres femmes ne soient pas victimes des mêmes dysfonctionnements", a déclaré Ernestine Ronai, militante féministe et responsable de l'Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes.

La victime pas informée de la libération de son ex-compagnon

Ce féminicide a suscité la polémique en Seine-Saint-Denis car la victime n'avait pas été informée que son ex-conjoint, condamné pour violences conjugales, était sorti quelques jours plus tôt de prison en vertu d'une remise de peine. Au moment de son agression, elle n'était ainsi pas en possession de son "téléphone grave danger", un dispositif spécial pour solliciter d'urgence l'intervention des forces de l'ordre.

"Celui qui a donné le couteau, c'est l'État, c'est la justice!", a lancé son frère Abdel Bouali, "en colère".

"Elle disait 'je serai inquiète le jour de sa sortie', c'est à dire à partir du 8" décembre, la date de sortie initialement prévue de son ex-conjoint sans remise de peine, a-t-il témoigné. "On lui disait 't'inquiète on va trouver une solution, tu vas aller au Maroc avec les enfants'".

Suite à cet homicide, le parquet de Bobigny a annoncé son intention de conclure rapidement un protocole pour informer systématiquement les victimes de la sortie de détention de leur agresseur. Selon un bilan du ministère de l'Intérieur, 146 femmes ont été victimes de féminicides en 2019, et 102 en 2020. Les féminicides sont le stade ultime des violences subies par plus de 200.000 femmes par an.

A.A. avec AFP