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Alberto Fujimori, l’ex-président du Pérou, poursuivi pour la stérilisation forcée de milliers de femmes

Après dix-neuf ans d’attente, un juge vient d’ordonner l’ouverture d’une enquête pour la mise en œuvre d’une terrifiante politique de contrôle de la natalité dans les années 1990.

Par  (Lima, correspondance)

Publié le 13 décembre 2021 à 11h00, modifié le 09 mars 2022 à 23h10

Temps de Lecture 4 min.

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Recueillement devant le palais de justice de Lima pour les milliers de femmes victimes de « stérilisations forcées », orchestrée par Alberto Fujimori au Pérou entre 1996 et 2000, à la veille de la Journée internationale de l’élimination des violences faites aux femmes, à Lima, le 24 novembre 2021.

Pendant une heure, le juge a égrené les noms des 1 307 plaignants, des femmes pour la plupart, et quelques hommes, stérilisés de force dans les années 1990. Au terme de neuf mois d’audience et de la lecture de plus de 180 pièces à conviction, le juge Rafael Martinez a annoncé l’ouverture d’une procédure pénale, samedi 11 décembre, contre l’ex-autocrate Alberto Fujimori, au pouvoir de 1990 à 2000, et déjà condamné en 2009 à vingt-cinq ans de prison pour violation des droits humains et massacres. Ses ex-ministres de la santé et son ancien conseiller chargé des questions sanitaires sont également poursuivis.

Alberto Fujimori, 83 ans, actuellement hospitalisé sous surveillance policière pour un problème cardiaque, Eduardo Yong, Marino Costa, Alejandro Aguinaga – député du parti fujimoriste Fuerza Popular – et Ulises Jorge Aguilar, seront entendus par une cour pénale en tant qu’auteurs indirects présumés d’« atteinte à la vie, au corps et à la santé ». Ils sont accusés d’avoir orchestré et mis en œuvre une politique de stérilisations forcées entre 1996 et 2000.

Longue bataille judiciaire

Cette décision met fin à une bataille judiciaire longue de dix-neuf ans (la première enquête préliminaire avait été ouverte en 2002 et le dossier classé à quatre reprises). Une première victoire pour des milliers victimes qui entrevoient enfin l’espoir que soient jugés et condamnés les responsables de cette politique.

« C’est un moment historique, tant pour les victimes que pour le Pérou et les droits humains », se réjouit Maria Esther Mogollon, coordinatrice de l’Association des femmes péruviennes victimes de stérilisations forcées (AMPAEF). « Je les appelle une par une car beaucoup ne sont pas encore informées, il n’y avait pas l’électricité hier à Anta [région de Cusco dont sont originaires plus de 700 plaignantes]. Il y a beaucoup d’émotion mais l’attente a duré tant d’années qu’il y a aussi de la méfiance. Peu à peu, elles passent de la désillusion à l’espoir. »

Dans la seconde moitié des années 1990, on estime qu’entre 270 000 et 350 000 femmes, ainsi que 25 000 hommes, ont été stérilisés dans le cadre d’un programme de contrôle de la natalité censé promouvoir la « contraception chirurgicale volontaire » et dont le but officiel était de réduire la pauvreté et de favoriser la croissance économique.

En deux ans, de 1996 à 1998, les spécialistes considèrent qu’au moins 180 000 personnes ont été opérées sous la contrainte, dont, pour la plupart, des femmes pauvres de langue quechua ou originaires d’Amazonie. Une politique « raciste et discriminatoire », a affirmé le procureur lors des audiences préliminaires.

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