Trois femmes accusent PPDA de violences sexuelles dans de nouveaux témoignages

Patrick Poivre d'Arvor à Paris le 3 juillet 2021.

Patrick Poivre d'Arvor à Paris le 3 juillet 2021. BERTRAND LANGLOIS/AFP

Ces trois femmes, dont deux témoignent à visage à découvert auprès de « Libération », accusent Patrick Poivre d’Arvor de violences sexuelles. Deux d’entre elles décrivent ce qui pourrait être considéré comme un viol par la justice.

Trois nouvelles femmes ont témoigné contre l’ancien présentateur Patrick Poivre d’Arvor, l’accusant de violences sexuelles dans un article publié mardi 14 décembre par « Libération ». Deux d’entre elles ont porté plainte, comme le rapportait « l’Obs » la semaine dernière.

La romancière Amandine Cornette de Saint Cyr – qui n’a pas porté plainte – explique au quotidien avoir rencontré PPDA pour la première fois en 2007 à l’occasion de la sortie de son premier roman. Si elle affirme avoir été « reçue correctement en dépit de questions intrusives posées à la suite de l’émission [“Vol de nuit”, NDLR] », c’est deux ans plus tard, au Festival de Cannes, que les faits dont elle l’accuse se seraient produits.

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Patrick Poivre d’Arvor lui aurait proposé une accréditation pour la montée des marches, ce qu’elle a accepté. A l’hôtel où ils devaient se rejoindre pour partir, l’animateur aurait prétexté un retard pour la faire monter dans sa chambre d’hôtel. « Je me suis sentie acculée et prise de court », raconte-t-elle. L’homme la reçoit nu sous son peignoir. Un rapport sexuel a lieu. Si elle n’emploie pas le mot viol, Amandine Cornette de Saint-Cyr qualifie cette relation d’« inattendue » et de « non souhaitée ». Comme le rappelle « Libération », l’article 222-23 du Code pénal décrit le viol comme toute pénétration sexuelle commise « par violence, contrainte, menace ou surprise ».

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« J’ai été abusée. Il n’avait jamais été question que je monte dans cette chambre. Ce n’était pas le lieu de notre rendez-vous. J’ai été prise au dépourvu », raconte la romancière, qui explique avoir eu honte, avoir été « rabaissée et humiliée ».

Elle explique avoir revu Patrick Poivre d’Arvor en 2009 en Corse, sur l’invitation de ce dernier, et la même année à son domicile de Neuilly, sur l’invitation de ce dernier, qui la trompe ou fait « pression pour obtenir ce qu’il veut, c’est-à-dire du sexe ». Aujourd’hui, elle décrit le présentateur comme un « prédateur ».

Si Amandine Cornette de Saint-Cyr ne souhaite pas porter plainte à ce stade, les faits qu’elle raconte ne sont pas prescrits, et pourraient intéresser la justice, précise « Libération ».

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« Mon corps est là et je suis ailleurs »

Laure Eude accuse, elle, PPDA de l’avoir violée dans une chambre pendant le Festival de Cannes en 1985, lorsqu’elle avait 23 ans et était en stage au bureau de presse. Elle dit avoir échangé avec le présentateur avant qu’un verre ne soit convenu, notamment pour évoquer un futur stage à la télévision. Ils se donnent rendez-vous à l’hôtel Martinez mais le présentateur aurait fait un détour par sa chambre.

Après avoir fermé le verrou, il aurait « [sorti] son sexe ». Elle affirme avoir tenté de le raisonner, expliquant ne pas être « là pour ça », mais pour discuter d’un stage. PPDA l’aurait ensuite violée, sans préservatif. « Mon corps est là, et je suis ailleurs », se souvient-elle.

Par la suite, Laure Eude a parlé à plusieurs personnes, notamment une amie, la responsable du bureau de presse du festival – qui ne réagira pas – et ses parents. Des enseignants de son école auraient également été au courant. Mais elle ne porte pas plainte, découragée après qu’on lui a dit que le présentateur est « protégé ».

C’est finalement en novembre qu’elle porte plainte à Amiens malgré la prescription, avec l’espoir « que cela serve au moins à d’autres ».

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Une troisième femme témoigne anonymement auprès de « Libération ». Elle accuse PPDA de l’avoir embrassée de force dans un Club Med à Valmorel, en Savoie, en 2013, alors qu’elle avait 23 ans et qu’elle avait déjà verbalement refusé ses avances.

Les faits se seraient produits dans un ascenseur alors qu’elle tentait de regagner sa chambre. « Il met le bout de la langue, qui perce mes lèvres closes, j’en suis encore dégoûtée. Il n’y a pas de force dans son geste, mais il y a de la surprise. Je le repousse », se souvient-elle. Alors que l’animateur tente de la suivre à la sortie de l’ascenseur, la jeune femme lui aurait affirmé qu’elle ne rejoignait pas sa chambre mais des collègues.

« Je ne suis pas traumatisée par cette histoire, mais je me demande ce qu’il aurait fait si je n’avais pas rejoint des collègues », confie-t-elle au quotidien. Malgré la prescription, elle a elle aussi porté plainte en novembre, « par solidarité » avec les autres témoins et plaignantes et pour « que le sentiment d’impunité s’arrête ».

Une vingtaine de femmes auditionnées

Patrick Poivre d’Arvor a été accusé en février de viol par l’écrivaine Florence Porcel qui avait porté plainte. Elle l’accuse de lui avoir imposé un rapport sexuel en 2004 et une fellation en 2009. Depuis, plus d’une vingtaine de femmes ont témoigné contre l’ex-présentateur, qui conteste toutes les accusations.

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Vingt-trois femmes ont témoigné au cours d’une enquête préliminaire, dont neuf ont choisi de porter plainte pour viol, agressions sexuelles ou harcèlement sexuel. Fin juin, cette enquête préliminaire a été classée sans suite par le parquet, la majorité des faits reprochés étant prescrits.

En novembre, Florence Porcel s’est constituée partie civile afin de provoquer la saisine d’un juge pour enquêter de nouveau sur les faits.

Patrick Poivre d’Arvor avait de son côté fustigé l’anonymat de certaines accusatrices, avant que huit femmes racontent en novembre leur version des faits à « Libération », dont sept à visage découvert.

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