Émilie du Châtelet, première femme de sciences de France et traductrice de Newton née à Paris

Émilie du Châtelet naissait il y a 315 ans, le 17 décembre 1706, dans une belle demeure parisienne et dans une famille proche du roi. Elle sera femme de lettres, mathématicienne.

Mathématicienne et femme de sciences, Émilie du Châtelet est née à Paris il y a 315 ans.
Mathématicienne et femme de sciences, Émilie du Châtelet est née à Paris il y a 315 ans. (©Maurice-Quentin de La Tour / Wikicommons)
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Elle avait le sang aristocrate d’un père baron et l’ouverture d’esprit des salons parisiens, alors la marquise Émilie du Châtelet a pu franchir les plafonds de verre de l’Ancien Régime. En 42 ans de vie, elle sera femme de lettres, mathématicienne, amante célèbre de Voltaire mais surtout première traductrice des théories d’Isaac Newton. À l’occasion de son 315ème anniversaire, elle est mise à l’honneur par Google.

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Éducation complète et volonté de « comprendre l’univers »

Sa vie a été courte, mais d’une densité hors norme. Née le 17 décembre 1706, il y a 315 ans, Émilie du Châtelet est morte subitement en Lorraine en 1749, six jours après avoir donné naissance à son quatrième enfant. En 42 ans, elle aura acquis une solide renommée.

Formée à Paris, où elle est née, Émilie du Châtelet a grandi dans un environnement où des figures du siècle comme le philosophe Jean-Baptiste Rousseau ou encore Bernard de Fontenelle, écrivain et scientifique, défilent au domicile de ses parents. À égalité avec ses frères, sur décision de son père baron, la marquise reçoit une éducation.

Polyglotte, musicienne et amatrice de théâtre, elle travaille les mathématiques. « Elle souhaite comprendre l’univers et ce qui le régit », expliquait la Bibliothèque nationale de France dans une exposition qu’elle lui consacrait en 2006. Mariée en 1725 à un mari absent et conscient de ses capacités intellectuelles, elle peut vivre plus librement.

Rencontre avec Voltaire et traduction unique de Newton

Une liberté dont profite la marquise, tout en faisant attention « à sauvegarder les apparences en société ». Souvent en compagnie d’autres hommes, comme son mari d’autres femmes au moment où elle vivait en Lorraine, Émilie du Châtelet revient à Paris en 1732. Un an plus tard, elle rencontre son plus fidèle admirateur : le philosophe Voltaire.

Il sera son amant pour 15 ans, puis son ami le plus proche. Ensemble, ils travailleront sur les écritures bibliques, mais surtout sur les sciences. Revenu d’un exil au Royaume-Uni, le philosophe y a découvert les grands scientifiques de l’époque, au premier chef desquels les Principes mathématiques d’Isaac Newton, dont Voltaire publiera l’analyse.

Un travail réalisé de 1736 à 1738 auquel Émilie du Châtelet apportera une pierre essentielle de 1745 à sa mort, travaillant à la traduction française de l’ouvrage, qu’elle a annoté avec des critiques, des nouveaux calculs et des études sur les théories présentées. Le livre final sera posthume, publié en 1759, dix ans après la mort de son autrice. Réédité en 2011, son livre reste la référence, Émilie du Châtelet restant la seule traductrice de l’ouvrage initial.

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Première femme de sciences de France, une consécration

Si cette traduction a fait entrer la mathématicienne dans la postérité, c’est son étude croisée des travaux de Newton, Descartes et Leibniz qui lui offre sa principale reconnaissance. Le livre Institutions de physique, paru en 1741, est un traité multi-traduit. La version italienne ouvre les portes de l’Académie de Bologne à la savante âgée de 40 ans, en 1746.

La même année, elle est comptée parmi « les dix savants les plus célèbres de l’époque », une consécration qui lui vaut toujours le titre de « première femme de sciences de France ». Mais en son temps, sa simple entrée à l’Académie de Bologne était plus importante qu’il n’y paraît : c’était à l’époque le seul lieu de sciences européen pas interdit aux femmes. 

Heureusement, la postérité a inversé les interdits de l’époque. Voltaire, attristé, écrivait cece dans un éloge en son honneur : « J’ai perdu un ami de vingt-cinq années, un grand homme qui n’avait de défaut que d’être femme et que tout Paris regrette et honore. On ne lui a pas rendu justice pendant sa vie. » Heureusement, la première n’est pas la dernière.

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