Le CHU de Rennes a réalisé sa première opération de changement de sexe chez une femme transgenre
TRANSIDENTITE•Peu pratiquée en France, la vaginoplastie permet d’utiliser la peau du pénis pour créer un vaginCamille Allain
L'essentiel
- Trois vaginoplasties ont déjà été pratiquées depuis le début de l’année 2022 par le service d’urologie du CHU de Rennes.
- Le pénis est transformé en vagin pour conserver sa sensibilité et les terminaisons nerveuses.
- Les établissements de santé à pratiquer cette transformation sont encore peu nombreux en France.
C’est une opération rare qui a été menée dans le bloc opératoire du service urologie du CHU de Rennes. Le 6 janvier, une femme transgenre y est entrée avec un pénis et des testicules. Elle en est ressortie six heures plus tard avec un vagin et un clitoris. Appelée « vaginoplastie », cette opération était une première pour l’établissement hospitalier rennais. Une première qui devrait faire date dans l’histoire du CHU breton, qui estime que « plus de 30.000 personnes rien qu’en Bretagne » pourraient être concernées par cette opération, décrite comme « une étape importante de la transition entamée des personnes transgenres ». Depuis cette première, deux autres patientes ont été opérées au sein de l’établissement, dont la liste d’attente s’allonge déjà à plus d’un an.
Cet acte chirurgical complexe a été réalisé par le docteur Lucas Freton, chirurgien urologue au CHU de Rennes. Ce dernier a découvert la chirurgie d’affirmation de genre en rencontrant des spécialistes travaillant sur la reconstruction urinaire. « J’ai développé une réelle fibre pour ce sujet qui se traduit par la volonté d’accompagner les personnes trans dans leur projet d’affirmation de soi », témoigne le médecin dans un communiqué adressé par l’hôpital.
Un clitoris avec la peau du gland
Peut-on ici parler de métamorphose ? C’est l’avis de l’hôpital, qui décrit l’opération comme « une véritable transformation du pénis, sans autre apport extérieur ». Le chirurgien creuse un vagin et utilise la fine peau du sexe masculin pour couvrir les parois « formant ainsi un vagin sensible ». Quant au clitoris, il est réalisé à partir du gland, afin d’en conserver les terminaisons nerveuses. Pour acquérir ces compétences spécifiques, le médecin rennais s’est appuyé sur le savoir-faire du docteur Nicolas Morel-Journel, qui exerce au CHU de Lyon.
Depuis le début des années 2000, ce spécialiste a accompagné un grand nombre d’hommes et de femmes dans leur transition. « On doit davantage développer l’information et la formation sur ce sujet car cela concerne de très nombreuses personnes », estime le professionnel de santé. Malheureusement, les centres compétents sont encore rares en France. « A mesure que la parole se libère, les demandes se multiplient et il s’agit d’être en capacité d’offrir à ces personnes, en France, les soins auxquels ils ou elles ont droit », conclut le docteur lyonnais.
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