Selon une étude publiée dans la revue Epigenomics, le traumatisme subi par les Tutsis lors du génocide perpétré par les Hutus, au Rwanda aurait entraîné des modifications chimiques de l’ADN des femmes alors enceintes et de leurs enfants à naître, relate The East African.

“Le génocide, qui a entraîné la mort d’environ un million de personnes, pour la plupart des Tutsis, a aussi lourdement pesé sur les survivants, qui souffrent aujourd’hui de stress post-traumatique et d’autres troubles de santé mentale”, rappelle The East African.

Pour évaluer ces troubles, une équipe de l’université de Floride du Sud a, en collaboration avec l’université du Rwanda, réalisé une étude inédite. Les chercheurs ont analysé le génome de 20 femmes tutsies vivant au Rwanda et enceintes au moment du génocide, par rapport à celui de 16 femmes tutsies enceintes au même moment et vivant dans d’autres parties du monde. Ils ont également comparé l’ADN des enfants in utero pendant le génocide à celui des autres enfants.

Impacter l’expression des gènes

Résultat : de nombreuses modifications épigénétiques se sont produites au niveau des gènes impliqués dans les risques de troubles mentaux tels que le stress post-traumatique et la dépression, chez les mères et chez les enfants exposés in utero au génocide. Autrement dit, ces personnes sont plus susceptibles d’être affectées par ces troubles mentaux que la population générale.

Les modifications sont dites épigénétiques, car elles impactent l’expression des gènes sans en modifier la séquence. En effet, “le comportement et l’environnement peuvent provoquer des changements qui affectent le fonctionnement des gènes”, souligne The East African.

Transmettre les troubles

Plusieurs études ont montré que de telles modifications épigénétiques étaient transmissibles sur plusieurs générations et de manière beaucoup plus rapide que des mutations génétiques. C’est pourquoi la transmission des troubles aux enfants peut se produire de cette manière.