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Selon l’IFOP, 1 femme sur 3 a déjà été humiliée par son partenaire car elle avait ses règles

par Marthe Chalard-Malgorn ,
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Une étude de l’IFOP réalisée pour la marque Intima a montré qu’une femme sur trois a déjà été humiliée par son partenaire car elle avait ses règles. Preuve du tabou et de l’ignorance des hommes à propos de ce sujet.

Par le biais d’un questionnaire en ligne du 17 au 18 avril 2021, 1010 femmes âgées de 15 à 49 ans ont témoigné à l’IFOP de l’impact qu’avait leur règle sur leur vie psychique, physique et sociale. Publiée en mai 2021, et en partenariat avec Intima, cette étude montre qu’1 femme sur 3 a déjà été humiliée par son partenaire lorsqu’elle avait ses règles. Cela passait par des remarques désobligeantes, sexistes et des moqueries prenant comme motif le tabou qui existe autour des menstruations.

Et les chiffres de cette étude ne s’arrêtent pas là. En effet, 46% des personnes interrogées déclarent avoir eu le sentiment que la gêne ou la douleur de leurs règles étaient sous-estimées par les hommes cisgenre faisant partie de leur cercle amical. Dans un article pour Yahoo Life, Noëlle (47 ans) et Clémentine (26 ans) témoignent de la violence qu’ont manifestée leurs conjoints respectifs lorsqu’elles leur ont expliqué qu’elles avaient leurs règles.

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Bon nombre d'hommes cisgenre sont encore dégoutés par les règles

“Je suis avec mon mec depuis 4 ans, et pendant le premier confinement, on a décidé d'emménager ensemble, raconte Clémentine, le moment venu, je lui ai naturellement dit que j'avais mes règles, et il m'a chassée du lit ! Il a affirmé que l'odeur de mon sang l'indisposait, qu'il ne pourrait pas dormir avec la crainte de se réveiller dans un lit inondé de sang”. Noëlle, de son côté, s’est vue traiter comme “une pestiférée” lorsqu’elle évoquait à son mari la gêne que lui causait ses règles : "Les rares fois où il est allé faire les courses à ma place, il a refusé de m'acheter des tampons. Il est toujours ouvertement dégoûté quand je lui dis que j'ai mes règles.”

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La tabou autour de la sexualité pendant les règles

Le manque d’intérêt, voire le dégoût ressenti par des hommes cisgenre poussent une grande partie de femmes hétérosexuelles à avoir honte lorsqu’elles traversent ce moment de leur cycle. Selon l’IFOP, 83% d’entre elles ont déjà dû renoncer à un rapport sexuel dont elles avaient envie, car elles avaient leurs règles. À force de faire croire que le sang est sale et que les menstruations ne font pas bon ménage avec la sexualité, les personnes menstruées se retrouvent à ignorer leur libido au moment de leurs règles. Pourtant, le sang des règles est un très bon lubrifiant et les rapports sexuels (consentis par les personnes) peuvent atténuer les douleurs menstruelles.

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Des personnes qui passent leur temps à cacher leurs règles

Au-delà de la sexualité, les personnes réglées passent leur temps à se cacher et à trouver des stratagèmes pour rester discrètes lorsqu’elles doivent changer leurs protections périodiques. 83% des personnes interrogées ont déclaré avoir déjà caché dans leur poche ou dans leur manche leurs serviettes ou tampons lorsqu’elles se rendaient aux toilettes. 64% expliquent n’avoir pas osé jeter les protections hygiéniques usagées dans les poubelles publiques, préférant ainsi les cacher dans leur sac ou dans leurs poches. Pour celles et ceux qui utilisent des cup, c’est le calvaire. Les espaces publics sont rarement pensés pour faciliter le processus de rinçage. Il faut souvent retirer sa cup dans des petites toilettes et avoir toujours sur soi une bouteille d’eau suffisamment remplie pour bien rincer l’objet sans être vu.e. des autres.

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Bref, avoir ses règles en 2022 est encore compliqué pour bon nombre de personnes concernées. Les douleurs ne sont pas prises au sérieux et le congé pour les règles n’est toujours pas mis en place, la composition des protections hygiéniques reste obscure et le prix trop élevé. Et, cerise sur le gâteau, nous n’avons même pas le droit de parler de tout cela, car il faut le cacher pour ne pas déranger les oreilles fragiles. Il est temps que cela change.

Marthe Chalard-Malgorn