Pour 30 % de jeunes hommes, forcer sa partenaire à avoir un rapport sexuel n'est pas un viol

"Beaucoup de femmes disent 'non', mais ça veut dire 'oui'" : c'est ce que pensent 11% de Français, selon une enquête Ipsos, qui interroge sur le viol, la pornographie ou la prostitution. Les chiffres sont alarmants...

Pour 30 % de jeunes hommes, forcer sa partenaire à avoir un rapport sexuel n'est pas un viol
© Manifestation contre les violences faites aux femmes, le 27 novembre à Lyon par ROMAIN DOUCELIN/SIPA

Les mentalités n'ont pas autant évolué que l'on pourrait le penser. Environ 30 % des hommes de 18-24 ans ne considèrent pas le fait de forcer sa partenaire à avoir un rapport sexuel comme un viol, même si elle ne se laisse pas faire, selon une enquête Ipsos* publiée le 1er février et réalisée pour l'association "Mémoire traumatique et victimologie".  "Il y a dans cette jeune génération une problématique très importante face à la notion de consentement (...) Cette tranche d'âge a été la plus exposée dès l'enfance à des contenus pornographiques, avec des contenus souvent violents et dégradants envers les femmes et une érotisation de la haine et de la violence", a décrypté la psychiatre Muriel Salmona. 

Pornographie, prostitution, consentement... De dangereux préjugés qui subsistent

Mais les jeunes ne sont pas les seuls pour qui certains dangereux clichés ont la dent dure. Environ 11% des personnes interrogées, toutes générations confondues, pensent que "lorsque l'on essaye d'avoir des relations sexuelles avec elles, beaucoup de femmes disent 'non', mais ça veut dire 'oui'".

Environ 38% des personnes interrogées sont "plutôt d'accord" avec l'affirmation selon laquelle les hommes ont plus de difficultés à maitriser leur désir sexuel que les femmes. 19% considèrent que la "pornographie est un moyen comme un autre pour faire son éducation sexuelle" et 38 % pensent que la prostitution permet d'éviter les viols.

Les violeurs, déresponsabilisés ? 

En ce qui concernent les viols, pas moins de 13% des sondés considèrent que les femmes qui acceptent d'aller seules chez un inconnu et les adolescentes ayant une "attitude séductrice avec un homme adulte" sont en partie responsables si elles se font violer. En outre, 32% des personnes interrogées estiment que le fait d'accuser à tort une personne de viol "par déception amoureuse ou pour se venger" est une pratique "assez fréquente". 

*Sondage Ipsos réalisé en novembre 2021 auprès d'un échantillon de 1.035 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus, interrogés par internet, méthode des quotas