Peu importe le type de cancer, parmi la population globale, les personnes noires sont celles dont le taux de mortalité est le plus élevé. Ces résultats sont généralement expliqués par un accès moins facile aux structures de santé et une hygiène de vie moins bonne. Mais une étude parue dans la revue Therapeutic advances in medical oncology a trouvé des différences significatives entre les processus moléculaires de l'ADN des femmes noires et des femmes blanches.
"Chez les femmes en général, les trois cancers les plus fréquents sont les cancers du sein, du poumon et le cancer colorectal. Le cancer du sein représente 32% des diagnostics de cancers. Chez les femmes noires, le cancer du sein ER+, à récepteurs d'œstrogènes positifs, est le sous-type de cancer du sein le plus fréquemment diagnostiqué", expliquent les chercheurs, qui se sont donc concentrés sur ce type de cancer en particulier et qui sont partis d'un constat : les femmes noires ont 42% de plus de risques de mourir de ce type de cancer que les femmes blanches. "Il existe des facteurs liés au mode de vie et des facteurs socio-économiques qui contribuent à cette disparité (comme l'accès aux structures de santé) mais ils ne suffisent pas à expliquer totalement cette différence", explique Svasti Haricharan, professeure en biologie moléculaire au Sanform Burnham Prebys, un institut de recherche médicale à but non lucratif en Californie. "La société a intériorisé le fait que les facteurs liés au mode de vie sont responsables des différences sur le plan de la santé pour les personnes "racialisées". La plupart des scientifiques ne regardent pas les différences au niveau moléculaire", déplore la chercheuse. "De plus, cela donne le sentiment aux personnes malades qu'elles sont en faute à cause de leur mode de vie. Mais nous voyons maintenant que c'est plus compliqué que cela." Toutefois, plusieurs obstacles surviennent quand les chercheurs tentent de travailler sur ces disparités, notamment le manque de données sur l'historique de santé des patientes non blanches. "Les femmes noires sont sous-représentées dans presque toutes les données disponibles sur les tumeurs des patients."
Des différences moléculaires
Peu importe le type de cancer, parmi la population globale, les personnes noires sont celles dont le taux de mortalité est le plus élevé. Ces résultats sont généralement expliqués par un accès moins facile aux structures de santé et une hygiène de vie moins bonne. Mais une étude parue dans la revue Therapeutic advances in medical oncology a trouvé des différences significatives entre les processus moléculaires de l'ADN des femmes noires et des femmes blanches.
"Chez les femmes en général, les trois cancers les plus fréquents sont les cancers du sein, du poumon et le cancer colorectal. Le cancer du sein représente 32% des diagnostics de cancers. Chez les femmes noires, le cancer du sein ER+, à récepteurs d'œstrogènes positifs, est le sous-type de cancer du sein le plus fréquemment diagnostiqué", expliquent les chercheurs, qui se sont donc concentrés sur ce type de cancer en particulier et qui sont partis d'un constat : les femmes noires ont 42% de plus de risques de mourir de ce type de cancer que les femmes blanches. "Il existe des facteurs liés au mode de vie et des facteurs socio-économiques qui contribuent à cette disparité (comme l'accès aux structures de santé) mais ils ne suffisent pas à expliquer totalement cette différence", explique Svasti Haricharan, professeure en biologie moléculaire au Sanform Burnham Prebys, un institut de recherche médicale à but non lucratif en Californie. "La société a intériorisé le fait que les facteurs liés au mode de vie sont responsables des différences sur le plan de la santé pour les personnes "racialisées". La plupart des scientifiques ne regardent pas les différences au niveau moléculaire", déplore la chercheuse. "De plus, cela donne le sentiment aux personnes malades qu'elles sont en faute à cause de leur mode de vie. Mais nous voyons maintenant que c'est plus compliqué que cela." Toutefois, plusieurs obstacles surviennent quand les chercheurs tentent de travailler sur ces disparités, notamment le manque de données sur l'historique de santé des patientes non blanches. "Les femmes noires sont sous-représentées dans presque toutes les données disponibles sur les tumeurs des patients."
Des différences moléculaires
Pour pallier ce manque, l'équipe s'est penchée sur le mécanisme de réparation de l'ADN, un élément fondamental du fonctionnement d'une cellule normale. La "réponse aux dommages de l'ADN" (ou DDR pour "DNA damage response" en anglais), sont des protéines qui réparent les dommages causés à l'ADN. C'est ce mécanisme qui régule les processus dans toute la cellule et qui leur permet de se remettre des erreurs produites naturellement lors de la réplication de l'ADN. Ce sont aussi les DDR qui contrôlent le cycle de la cellule et déclenchent l'apoptose, l'autodestruction de la cellule. Contrairement aux cellules saines, les cellules cancéreuses possèdent souvent des modifications génétiques qui les empêchent de réparer l'ADN. C'est ce qui peut les rendre résistantes aux traitements. Pour mieux comprendre cette résistance aux traitements, l'équipe a analysé des tissus sains et des tissus de tumeurs de 185 femmes noires. Ils les ont ensuite comparé à des échantillons prélevés sur des femmes blanches. Ils ont découvert que huit gènes liés à la réparation de l'ADN sont exprimés différemment chez les femmes noires. Ils ont également constaté qu'il existe des différences moléculaires dans les signaux cellulaires qui contrôlent la vitesse de croissance des cellules. L'équipe s'est aperçue que ces différences ne se limitent pas aux cellules cancéreuses mais s'appliquent bien à tous les tissus du corps, même sains. "Si le tissu normal est différent au niveau moléculaire en fonction de la race ou de l'ethnicité, alors tout ce que nous comprenons sur la façon dont chacun de nous réagit au traitement du cancer sera également différent", ajoute la Pr Haricharan.
Un pas de plus vers la médecine de précision
Cette étude laisse entrevoir un espoir pour traiter les cancers du sein ER+ avec plus de précision en prenant en compte les origines des patients pour déterminer quel traitement serait le plus adapté. Les travaux suggèrent que les femmes noires pourraient bénéficier d'un traitement plus précoce à base d'inhibiteurs de CDK, des protéines qui contribuent à stopper la multiplication des cellules cancéreuses en bloquant les signaux biochimiques des kinases cycline-dépendantes (CDK). Pour le moment, les recommandations préconisent d'utiliser les inhibiteurs de CDK uniquement après avoir démarré un traitement hormonal. Or, au moment où certaines femmes reçoivent ce traitement, la maladie a parfois déjà trop progressé. L'équipe s'est aperçue que les tissus tumoraux de femmes noires contiennent des taux de CDK plus élevés. Les cibler plus tôt dans la maladie permettrait de mieux traiter le cancer. "Voilà un paramètre sur lequel on peut agir tout de suite, puisqu'il n'y a pas besoin de trouver un nouveau médicament pour aider ces femmes mais simplement de changer l'ordre des traitements qui existent déjà."
"Nous espérons que nos recherches mettront en évidence la nécessité d'étudier de plus près le cancer dans différents groupes raciaux et ethniques et d'améliorer les résultats pour les patients historiquement marginalisés", explique la Pr Haricharan. "Plus nous allons utiliser des données de tumeurs de personnes noires et plus nous allons trouver des différences dans l'expression des gènes qui pourraient donner des indications sur le traitement." De plus amples études avec des échantillons de patients plus importants permettront de mieux comparer les tissus cancéreux avec les tissus sains. Une première étape vers des traitements de précision, mieux adaptés aux patients.