ETUDEAu Texas, une loi anti-IVG fait exploser les demandes de pilules abortives

Etats-Unis : Au Texas, les demandes de pilules abortives à l’étranger explosent après une loi anti-IVG

ETUDEVotée en septembre, la loi texane interdit d’interrompre toute grossesse une fois que les battements de cœur de l’embryon sont détectés
Pilules abortives (illustration).
Pilules abortives (illustration). - BERMAN NINA/SIPA
20 Minutes avec agences

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La demande de pilules abortives envoyées depuis l’étranger a été multipliée par plus de trois au Texas après le 1er septembre, relève une étude publiée vendredi. Depuis cette date, l’Etat américain a drastiquement limité l’accès à l’ avortement.

La loi texane, mise en place en septembre dernier à l’instigation d’une majorité conservatrice, interdit d’interrompre toute grossesse une fois que les battements de cœur de l’embryon sont détectés, soit après environ six semaines de grossesse. Pourtant, à ce stade, la plupart des femmes ne savent même pas qu’elles sont enceintes.

1.180 % de demandes en plus

L’article publié vendredi dans le Journal of the American Medical Association s’appuie sur les chiffres d’Aid Access, une société autrichienne qui fournit des pilules abortives (pour des IVG médicamenteuses) aux femmes des États-Unis. Avant cette nouvelle législation, entre octobre 2020 et mai 2021, Aid Access recevait 10,8 demandes de pilules par jour du Texas. La semaine qui a suivi l’application de la loi, 137,7 demandes ont été reçues quotidiennement, soit une hausse de 1.180 %.

Les trois semaines suivantes, la société recevait 37,1 demandes quotidiennes, soit 3,4 fois plus que sur la période de référence. Le trimestre suivant (d’octobre à décembre 2021), elle traitait encore 29,5 demandes par jour, soit une hausse de 173 %, supérieure aux autres États américains.

Une loi contestée en justice

Le Guttmacher Institute, qui milite pour l’accès à l’avortement, estimait, jeudi, qu’en 2020, pour la première fois, les pilules abortives étaient à l’origine de plus de la moitié des avortements aux États-Unis (54 %). Combinant un médicament, le misoprostol, et un stéroïde synthétique, le mifepristone, ces pilules ont été introduites sur le marché américain, en 2000. En avril 2020, pour éviter d’exposer les patientes au Covid, l’Agence américaine des médicaments (FDA) avait autorisé temporairement leur envoi par la poste, une possibilité pérennisée en décembre 2021.

Le Texas a voté une loi restreignant leur accès en décembre dernier, mais les experts interrogés par la presse locale estiment qu’elle sera difficile à faire appliquer. De plus, la loi est contestée en justice par les défenseurs de l’IVG aux Etats-Unis, qui soulignent qu’elle s’oppose à la jurisprudence de la Cour suprême, qui autorise les Américaines à avorter jusqu’à environ 22 à 24 semaines de grossesse. La question n’a pas été définitivement tranchée par la justice américaine.

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