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Au Pérou, l’enquête sur les stérilisations forcées s’ouvre au pénal et les difficultés s’accumulent déjà

Deux ex-ministres de la santé ne se sont pas présentés devant le juge, l’ex-président Alberto Fujimori ne peut pas encore être entendu, protégé par une convention d’extradition, et les audiences, en visioconférence, compliquent l’accès à des milliers de victimes.

Par  (Cusco, Pérou, correspondance)

Publié le 10 mars 2022 à 01h31, modifié le 10 mars 2022 à 19h20

Temps de Lecture 4 min.

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LETTRE DE CUSCO

Victoria Vigo, victime de stérilisation forcée dans le cadre du programme du président Alberto Fujimori, à Lima, le 17 novembre 2021.

Après plus de vingt ans d’attente, le dossier des stérilisations forcées de milliers de femmes dans les années 1990 – effectuées dans le cadre d’un plan de réduction de la natalité – est arrivé devant la justice pénale. L’enquête doit durer huit mois et pourrait enfin déboucher sur l’ouverture d’un procès « historique » pour juger les ex-ténors de la politique sanitaire sous la présidence d’Alberto Fujimori (1990-2000).

Une première victoire, mais pas la fin des obstacles pour les victimes en quête de justice. Jeudi 3 mars, pour le début des audiences, deux des principaux auteurs présumés de cette politique, ex-ministres de la santé, ne se sont pas présentés. Il s’agit de Marino Costa Bauer (1996-1999) et d’Alejandro Aguinaga (1999-2000), actuel député au Congrès. « Ce n’est pas étonnant car les personnes mises en cause ont toujours fait tout leur possible pour retarder la justice, s’indigne Maria Esther Mogollon, présidente de l’association des victimes des stérilisations forcées. C’est intolérable et humiliant pour les victimes qui attendent la justice depuis tant d’années ! »

Le dossier judiciaire, lourd et complexe, a déjà connu de nombreux rebondissements. Alors qu’il a été classé sans suite à quatre reprises au cours des deux dernières décennies, l’annonce du début de l’enquête judiciaire, fin décembre 2021, après seize ans d’enquête préliminaire du parquet, avait été un énorme soulagement pour les victimes. Elles sont 1 307 plaignantes inscrites à témoigner dans cette procédure – une majorité de femmes, mais on compte aussi une dizaine d’hommes. Au total, ce sont 2 000 personnes qui ont déposé plainte et plus de 8 000 sont inscrites dans le Registre des victimes de stérilisations forcées (Reviesfo), tenu par le ministère de la justice depuis 2016.

Des femmes pauvres d’origine amérindienne

Dans la seconde moitié des années 1990, on estime qu’environ 300 000 femmes et 22 000 hommes ont été stérilisés dans le cadre d’un programme de contrôle de la natalité censé promouvoir la « contraception chirurgicale volontaire ». Le but officiel était de réduire la pauvreté et de favoriser la croissance économique.

Néanmoins, de nombreux rapports témoignent d’une mise en œuvre brutale, qui visait avant tout des femmes pauvres d’origine amérindienne, quechua ou d’ethnies amazoniennes. Au moins 18 en sont mortes, selon les chiffres du ministère de la santé. Une politique systématique et raciste, « qui cherchait à remplir des objectifs et des quotas », a insisté Maria Ysabel Cedano, avocate de victimes, en conférence de presse, le 2 mars.

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