Au Maroc, les femmes journalistes souffrent de diverses formes de violence et de discrimination qui laissent des traces profondes, assure Raseef22. Ces blessures physiques et morales rendent difficile l’exercice de leur travail, dans lequel la violence sexiste revêt diverses formes.

La violence basée sur le genre (VBG), ou violence sexiste, répond à une définition précise des Nations unies, rappelle ce site panarabe installé à Beyrouth : ce terme “se réfère à l’ensemble des actes nuisibles, dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. […] Cette expression est principalement utilisée pour souligner le fait que les déséquilibres de pouvoir, structurels, fondés sur le genre, placent les femmes et les filles dans une position leur faisant courir un plus grand risque d’être l’objet de multiples formes de violence.”

Des violences protéiformes

Raseef22 part d’un constat simple : bien que le Maroc ait fait de grands progrès dans le domaine des droits des femmes depuis le début des années 2000, il se classe toujours 144e sur 156 pays, selon le rapport sur les inégalités hommes-femmes du Forum économique mondial.

Pour ce qui concerne les journalistes marocaines, l’enquête du correspondant de Raseef22 estime que 74 % des journalistes interrogées ont été soumises à une ou plusieurs formes de violence sexiste au cours des deux dernières années, un résultat cependant presque similaire à celui des violences contre les femmes journalistes rapportées dans le monde.

En ligne

Raseef22 note que le harcèlement en ligne a fortement augmenté, puisque 50 % des femmes journalistes sondées ont déclaré qu’elles en étaient fréquemment victimes. Les réseaux sociaux ont fourni “un environnement fertile pour la violence sexiste contre les femmes journalistes au Maroc, indique également le site. Parmi les violences subies : l’intimidation en ligne, le cyberharcèlement, le chantage sexuel, la vengeance pornographique, l’espionnage et le piratage.

Autre forme de violence que subissent les femmes marocaines dans leur ensemble, celle de la violence économique. Cette violence spécifique suppose une privation de travail et un salaire inférieur à celui des hommes. “Si les femmes, par exemple, étaient aussi nombreuses à travailler que les hommes aujourd’hui au Maroc, le revenu par habitant pourrait être près de 50 % supérieur à ce qu’il est actuellement”, analysait le FMI en 2017.