L’arrivée de Ketanji Brown Jackson pour remplacer le magistrat progressiste Stephen Breyer, qui prendra sa retraite à l’été, « ne changera pas les équilibres : les conservateurs garderont une majorité de six juges sur neuf », rappelle l’analyste. « Cela devrait suffire pour faire baisser la température et assurer un processus de confirmation assez serein ».
Avantage à la magistrate
De plus, le rapport de force au Sénat - qui en vertu de la Constitution doit confirmer les juges nommés par le président - donne un léger avantage à la magistrate : chaque parti dispose de 50 élus mais, en cas d’égalité, il revient à la vice-présidente démocrate Kamala Harris de les départager. Ce scénario ne sera peut-être pas nécessaire. Une poignée de sénateurs républicains modérés avaient soutenu sa nomination à la cour fédérale d’appel de Washington, il y a un an, et pourraient revoter en sa faveur.
Avant que son nom soit rendu public, certains élus républicains avaient reproché au président sa promesse de nommer une Afro-Américaine. « Les femmes noires représentent quoi ? Disons 6 % de la population américaine », s’était étranglé le sénateur républicain Ted Cruz, en accusant Joe Biden de « dire à 94 % des Américains : je n’en ai rien à fiche de vous ».
Attaques des républicains
Jouer frontalement la carte raciale face à une femme dont les qualifications sont, de l’avis général, impeccables, sera plus délicat. La sénatrice républicaine Susan Collins a d’ailleurs appelé ses collègues à la prudence pour éviter que leur parti « soit dépeint comme anti-Noirs ». À sept mois des élections de mi-mandat, les attaques devraient surtout servir de caisse de résonance aux thèmes de campagne des républicains, à commencer par la hausse de la criminalité face à un supposé laxisme démocrate. Ketanji Brown Jackson devrait être interrogée sur sa défense, en tant qu’avocate, de détenus de Guantanamo et d’autres criminels, puis sur ses jugements dans d’horribles affaires pénales.