La scène n’a hélas rien d’original. En sortant d’une épicerie, un homme repère une femme qui attend son taxi, seule. Il s’approche, ses amis derrière lui. Lance à la femme un « Ça va ma chérie ? ». Elle ne répond pas, apparemment effrayée. Il insiste, devient grossier. Sauf qu’un de ses copains, Jacob, va l’arrêter. Jacob hésite d’abord. Il a beau être gêné par l’attitude de l’homme, il cautionne tacitement. Puis finit par l’interpeller : « Mais qu’est-ce que tu fais ? Ça suffit. On y va. »

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97 % de femmes harcelées sexuellement

« Have a word » (« Dites quelque chose »), enjoint, à la fin de la vidéo, une campagne de sensibilisation lancée par la Ville de Londres pour lutter contre le harcèlement de rue. Une invitation, pour les hommes, à agir plutôt que de rester spectateurs quand leur entourage harcèle sexuellement ou tient des propos déplacés à l’encontre d’une femme.

En 2021, une étude de l’ONG Women UK signalait que 97 % des femmes britanniques de 18 à 24 ans auraient subi un harcèlement sexuel dans l’espace public. Sadiq Khan, maire de la capitale britannique, a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l’un de ses chevaux de bataille. Cette opération complète un projet de la municipalité d’aide aux femmes victimes de violences domestiques.

Une initiative saluée

La campagne se déploie sur les murs de Londres et via les réseaux sociaux. Le 14 mars, Sadiq Khan a posté sur Twitter et Instagram le spot vidéo, avec la légende suivante : « La violence des hommes envers les femmes commence par des mots. Si vous assistez à une telle scène, discutez avec vous-mêmes – puis avec vos amis. #HaveAWord. »

< blockquote class = "twitter-tweet"> < p lang = "en" dir = "ltr"> Male violence against women and girls starts with words. If you see it happening, have a word with yourself — then your mates. < a href = "https://twitter.com/hashtag/HaveAWord?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw"> #HaveAWord < /a > < a href = "https://t.co/ghESK9qNRy"> pic.twitter.com/ghESK9qNRy — Mayor of London, Sadiq Khan (@MayorofLondon) < a href = "https://twitter.com/MayorofLondon/status/1503271812016259076?ref_src=twsrc%5Etfw"> March 14, 2022 < /a > < /blockquote > < script async src = "https://platform.twitter.com/widgets.js" charset = "utf-8"> < /script >

Cet effort de prévention a été immédiatement salué en Angleterre par des associations féministes ou de lutte contre les violences faites aux femmes. Alors que le spot était diffusé pour la première fois à la mi-temps d’un match de football, il a aussi été remarqué par des clubs comme l’AFC Wimbledon ou, en Premier League, Chelsea, le Brentford FC ou Arsenal.

Des tentatives françaises encore insuffisantes

Comme le rappelle « Libération », en France, en novembre 2015, le gouvernement avait aussi initié une campagne contre le harcèlement dans les transports en commun. Une vidéo de vingt secondes montrait une femme, qui se faisait notamment traiter de « sale chienne » pour ne pas avoir répondu à un homme.

Trois ans plus tard, le groupe RATP et la région Ile-de-France imaginaient des affiches où les harceleurs étaient représentés par des animaux prêts à bondir sur des jeunes femmes effrayées. Un parti pris douteux qui n’avait pas manqué de faire réagir.

Des démarches qui n’avaient assurément pas fait cesser, ni même baisser, le harcèlement de rue. En juillet 2020, une enquête Ipsos révélait, qu’en France, 81 % des femmes avaient déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics. Seules 20 % d’entre elles déclaraient avoir été aidées. Et 86 % des gens indiquaient ne pas savoir comment réagir quand ils étaient témoins de ce genre de pratiques abusives.

En mars 2021, Ipsos indiquait également que, depuis le début de la pandémie de Covid-19, une femme sur trois avait été victime d’au moins une situation de harcèlement sexuel dans un lieu public, en dépit des couvre-feux et confinements successifs.