A Londres, une joyeuse expo célèbre les cheveux bouclés, crépus et afros

Publié le Lundi 04 Avril 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
A Londres, une exposition célèbre les cheveux crépus et afros
A Londres, une exposition célèbre les cheveux crépus et afros
Célébrer les cheveux crépus et afros tout en fustigeant les discriminations capilaires encore trop vives, c'est là l'intention d'une expo londonienne. Un projet stylé et politique.
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"Les femmes derrière les boucles ont toutes une histoire à raconter". C'est là le slogan d'un projet féministe : The Curl Talk Project. L'idée ? Célébrer le port des cheveux bouclés, crépus et afros dans une société où celles et ceux qui les arborent sont encore la cible de stigmatisation et de préjugés relatifs auxdits cheveux. Un phénomène bien réel que l'on nomme la discrimination capillaire. Discriminations à l'école, dans la rue, au travail...

A cela, The Curl Talk Project et son instigatrice Johanna Yaovi réagissent par des photographies soignées et publications positives et engagées, qui font la part belle aux voix anonymes. Et aujourd'hui, "TCTP" fait carrément l'objet d'une exposition dédiée à Granary Square (Kings Cross), en plein Londres. L'idée ? Eveiller une large audience aux commentaires dont peuvent faire l'objet lesdits cheveux, et surtout leurs propriétaires.

Et ce, en privilégiant de multiples portraits...

"Vous méritez d'être vues et entendues"

Le tout a été initié à une date des plus symboliques : la Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes. Et pour cause, c'est un discours réellement empouvoirant que soutient son instigatrice. Elle le présente d'ailleurs au magazine en ligne Stylist : "Il était important pour moi de présenter au public un large éventail de femmes de toutes les ethnies et de tous les horizons. C'est un excellent moyen de montrer que, quelle que soit votre situation, vous méritez d'être vues, entendues, et d'avoir votre place autour de la table".

La principale concernée présente d'ailleurs sa remarquable initiative comme une manière de "donner la voix à toutes les reines aux cheveux bouclés et crépus", tel que le détaille encore Johanna Yaovi sur son compte Instagram. "Personne ne devrait avoir le droit de définir ce qu'est la féminité et la beauté et je suis heureuse de voir que cette idée est davantage ancrée dans la tête des femmes de nos jours", se réjouit à Stylist Ava, l'un des modèles de la créatrice et photographe.

Une expo qui fait écho à bien des réflexions militantes. "Je pense qu'il faut dire avec force que les femmes et les hommes noirs ont le droit de porter les cheveux tels qu'ils sont programmés génétiquement pour pousser, de manière crépue, bouclée", s'exprimait ainsi l'anthropologue Ary Gordien au sein du webdocumentaire A un cheveu près de Laura Bannier et Noujoud Rejbi. Une manière également de combattre le racisme systémique.

"Les remarques et cas de harcèlement commencent dès l'école primaire, et elles se poursuivent au collège et au lycée. Très tôt, on observe des insultes de la part des camarades de classe qui ont des cheveux 'normés'", nous racontait à ce titre Yassine Alami de l'association et page Instagram Hrach is beautiful. Accablant.