Le Dr Unni Krishnan souligne que "lorsque les familles et les communautés sont mises à rude épreuve, les filles sont plus susceptibles que les garçons d’être retirées de l’école (qui parfois distribuent des repas aux enfants) et elles courent le risque d’un mariage précoce ou forcé, de violences sexistes, d’exploitation sexuelle et de grossesse non désirée. Des adolescentes du Burkina Faso, du Mali et du Sud-Soudan ont confié à Plan International qu’elles risquent davantage d’être mariées à un jeune âge si leur famille connaît des difficultés financières. La pauvreté et la faim sont indissociables pendant une crise. Des filles et des femmes qui ont fui le conflit à Cabo Delgado, au Mozambique, nous ont confié que la perte de leurs revenus les a obligées à recourir à l’exploitation sexuelle pour survivre, parfois pour seulement 0,16 dollar US."
Sur place, au Mozambique, Adalvira dos Santos est superviseuse de la protection de l’enfance. "La situation des filles est triste. Beaucoup d’entre elles ne mangent pas assez et certaines, qui sont désespérées, se vendent pour très peu de nourriture. C’est dire l’ampleur de la situation : les filles sont obligées de perdre leur dignité pour pouvoir manger. De nombreuses jeunes filles pratiquent le sexe transactionnel pour obtenir de la nourriture ici", relate-t-elle. "Il existe de nombreuses formes d’abus qui se produisent en raison de l’ampleur du niveau de pauvreté. De nombreuses femmes mariées sont désormais seules et entièrement responsables de leurs enfants parce que leurs partenaires sont partis, ont perdu la vie ou sont également coincés dans cette situation. Lorsque les enfants ont faim, ils vont chercher de la nourriture auprès de leur mère, même si le père est présent."
Les preuves sur le terrain montrent que les femmes, les nourrissons, les enfants et les adolescent·es sont les plus exposé·es au risque de malnutrition
Selon le Dr Unni Krishnan, la faim est également très dangereuse pour les adolescentes et les femmes qui sont enceintes ou qui allaitent. "Les complications liées à la grossesse et à l’accouchement sont déjà la principale cause de décès des filles âgées de 15 à 19 ans et le fait d’être mal nourri augmente le risque de faire une fausse couche ou de mourir en couches. Pour leurs enfants, elle peut accroître le risque de décès du nouveau-né, d’insuffisance pondérale à la naissance et de retard de croissance, entraînant un cycle intergénérationnel de malnutrition."
Les adolescent·es et les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables en cas de malnutrition, en raison de leur croissance et des transformations de leur corps. Souffrir de la faim pendant ces années critiques peut freiner la croissance et avoir un impact significatif sur le développement du cerveau, avec des conséquences profondes sur le niveau d’éducation ou la santé présente et future de l’enfant.